Le temps aujourd'hui était propice à la chasse en forêt. La jeune Maelÿs s'était portée volontaire pour aller récupérer et traquer le gibier aujourd'hui afin de nourrir son peuple.

Même si les Ashtarus bénéficiaient de ressources abondantes, les habitants devaient quand même fournir des efforts afin de recueillir les fruits de leur travail. Après tout ce n'était pas plus mal et cela permettait de donner des occupations dans le village et Maelÿs avait toujours considéré la chasse comme une activité divertissante où elle prenait plaisir à perfectionner ses sens de la survie.

C'est donc en cette belle journée ensoleillée que la tempétueuse jeune fille marchait en direction de la forêt, son katana et son arc accrochés dans le dos, un sac attaché à sa ceinture pour récupérer ses proies. Ses cheveux blonds attachés en deux parts distinctes s'élevaient au rythme de la légère brise qui soufflait à travers les arbres.

Soupirant un instant, Maelÿs ferma pendant quelques secondes les yeux, appréciant le calme et la sérenité de la forêt. Elle regrettait que cela soit l'unique zone de verdure sur Isisnahl, le reste n'étant que des ruines ou des étendues pauvres et misérables. Elle détestait ces fameux Sins responsables de cette situation et espérait bien un jour en attraper un pour l'éliminer et ainsi se rapprocher de leur objectif, faire revenir la verdure dans leur monde. Enfin, c'est ce que leur grand protecteur Erwan disait.

*Voyons, je vais commencer par aller récupérer les prises dans les pièges et je m'occuperais ensuite d'une proie un peu plus grosse...*

Son humeur aujourd'hui était excellente, ce qui était quand même bon signe quand on connaît son sale caractère.

La jeune fille avançait à pas de loups dans la forêt, prenant soin de se dissimuler derrière les arbres, faisant le moins de bruit possible, écoutant les moindres bruits qui pourraient être suspect à part le chant des oiseaux. Car même dans une forêt aussi jolie que celle-ci, le danger rôde à chaque coin et les prédateurs sont nombreux.

Son trajet était bien tracé, Maelÿs connaissait bien les recoins de la forêt et était capable de s'orienter à travers les différentes zones, une capacité qu'elle avait acquise grâce aux autres chasseurs et traqueurs de gibier. Et heureusement car il était facile de se perdre dans cette nature sauvage.

La récolte était bonne aujourd'hui. La plupart des pièges avaient été déclenchés et c'était donc des lapins, perdrix et belettes qui avaient succombé. Au départ, la jeune fille avait eu assez de mal à tuer des petites bêtes de ce type là, n'aimant pas faire de mal aux animaux qui n'avaient rien fait. Mais il fallait bien comprendre que l'on ne survis pas le ventre vide et d'après ce qu'elle avait appris lors de sa scolarité, le cycle de la vie était éternel et leur bonne déesse veillait et approuvait ces actions.

*C'est parfait ! Il y aura beaucoup de gibier à préparer pour ce soir. La déesse nous gâte bien aujourd'hui*

En effet, son sac était rempli de bonne viande fraîche qui pourrait nourrir le village. Maelÿs se demandait si les autres chasseurs avaient eu autant de chance qu'elle.

Enfin, sa tournée terminée, elle entreprit de suivre les traces de qui semblait être un cerf. Silencieuse, telle un chat, Maelÿs se faufila à travers les arbustes et les buissons pour faire le moins de bruit possible.

Après une demi-heure de traque, elle finit par apercevoir sa proie, occupée à brouter à l'ombre des arbres. Un sourire triomphant se dessina sur le visage de la jeune fille qui arrêta sa marche silencieuse. Son souffle était léger, ses gestes lents et discrets, son regard vert fixant l'objet de ses convoitises.

Cachée dans un buisson, avec des gestes très lents, elle décrocha son arc et sortit une flèche qu'elle mit en joue. Tendant la corde de son arc, son regard était braquée sur sa proie et Maelÿs attendait le meilleur moment pour tirer et viser le coeur, ce qui permettrait une mort rapide et sans douleur. Immobile, sans un bruit, la chasseresse guettait.

Soudain, un bruit provenant des alentours fit relever la tête du cerf qui se sauva plus loin et qui fit pester Maelÿs.

*Fichtre ! Mon gibier se tire ! Si c'est un chasseur du village, il va m'entendre...* pensa-t-elle tout en détendant son arc, vexée de ne pas avoir pu tirer.

(Viens qui voudra ^^ mais nan je mords pas :p)

HS : prem's inattendue n'est-il pas ?

Il faisait route depuis un moment.
Faire en quelque sorte régulièrement le messager ne le gênait pas, bien au contraire. Tout occasion était bonne pour se remettre en route. Ronan aimait partir ainsi en reconnaissance entre les différents villages alliés du sien, même s'ils se trouvaient parfois très loin. Avoir toujours des points de chute, avoir toujours des alliés. C'était une belle idée, certes idéaliste mais qui jusqu'ici avait fait ses preuves. Certes, ce n'était pas toujours très attrayant et il lui arrivait de s'ennuyer de la solitude occasionnée, mais cela faisait largement travailler son endurance. Parfois même son bras de guerrier, à chaque voyage en fait, était sollicité et il se sentait fier et heureux, se disant que s'il n'avait pas fait ce chemin justement, peut-être qu'il n'aurait pas pu aider ou sauver telle ou telle personne.

Le jeune homme avait parfois du mal avec la solitude de cette mission. Mais en même temps il était rassuré de ne pas être confronté à d'autres personnes. Car s'il venait à s'énerver et à blesser non intentionnellement un ami... il s'en voudrait toute sa vie.
Il préférait courir le risque d'être seul pour l'heure, vivre dans le danger, mais avoir le droit de se déplacer où il le souhaitait et surtout, surtout... de vivre à l'extérieur, de voir le ciel et le soleil sans avoir à s'inquiéter d'une possible perte de contrôle.

Ronan secoua légèrement la tête pour chasser ses pensées, passant une main dans ses cheveux ébouriffés par le vent. L'avantage c'est qu'au moins les différents messages qu'il transportait parfois (ou les simples reconnaissances effectuées régulièrement), trop importants pour être confiés à quelqu'un d'autre ou trop long, trop complexe, lui permettait de sortir et de parcourir ainsi les nombreux kilomètres qui le séparaient de différents endroits. Il aimait découvrir le monde, dans un sens oui, tout cela lui plaisait. Bon d'accord, ce type de message était relativement rare. Il avait fait le voyage trois semaines plus tôt pour une question de traité de paix à mettre en oeuvre et à signer entre la coalition que représentaient les Sins et humains de ce village allié changeant de chef et ceux tout de même bien nombreux des villages environnants se ralliant à la cause de celui originel du garçon.

Il marchait depuis un moment déjà. Il avait repris la marche très tôt la veille pour couvrir le maximum de kilomètres tant que le soleil n'était pas trop brûlant. Seulement une tempête de sable l'avait forcé à dévier sa route et il avait même eu recours à son pouvoir afin de fuir cette mort probable.
Quand le jeune guerrier s'était retransformé, il s'était vite rendu compte qu'il avait beaucoup dévié de sa route, presque toute la journée, il s'en était écarté.
Epuisé il avait fini par s'endormir, réfléchissant en fixant les étoiles pour couper au mieux sa route vers son village et éviter ainsi de rebrousser chemin.
Remis en route tôt le lendemain matin il vit avec surprise apparaître devant lui la plus gigantesque étendue de verdure qu'il ait jamais vu.

Bien sûr il y avait de ci, de là sur Isisnahl des lieux où la nature revivait. Mais cet endroit n'avait absolument rien à voir... c'était inqualifiable. Il referma la bouche, abasourdi. Il était encore si loin ! Il ne pouvait même pas discerner les arbres et pourtant cette immense étendue verte s'étendait bien au delà de son regard.
Remis, un peu du moins, de sa surprise il se remit en marche, fronçant les sourcils au fur et à mesure. Aie... c'était sans doute la Shora !

Il en avait entendu parler par les voyageurs de son peuple mais ne s'en était jamais approché pour sa part. Non pas qu'il avait peur mais personne n'avait pu lui indiquer le lieux. Les Sins du village semblaient craindre les Ashtarus et les humains, voisins, respectaient leur silence.
Curieux, le jeune homme continua de s'approcher et rejoignit avec soulagement le couvert des arbres. Le soleil tapait dur déjà et sa course de la veille l'avait épuisé. Il ne serait pas contre un peu d'eau fraiche de source et un ou deux fruits.

Néanmoins, son attention était toute occupée à tâter l'herbe sur laquelle il marchait... cet endroit apparaissait comme une illusion, une hallucination au milieu du désert et il y avait cru pendant une seconde et pourtant... c'était bien vrai.
Pris d'une envie inexplicable de sourire tant il trouvait le spectacle de ces géants verts saisissants, il s'enfonça un peu plus dans cette forêt sans réelle prudence. Dans son dos après tout, son sabre était prêt à bondir dans sa main pour lui porter secours en cas de danger.
Soudain il s'arrêta. Ses pas, bruyants, venaient de mettre un cerf en déroute.
Il s'avança lentement dans la clairière que venait d'abandonner l'animal.

- Navré frère d'avoir gâché ton repos... j'aurais dû être plus silencieux

Il avait marmonné piteusement, se frottant la nuque et remarqua qu'au dessus de lui des oiseaux le fixaient avec curiosité, ne se doutant pas qu'il était surveillé par un tout autre oiseau.

(HS)

Pestant et râlant dans sa tête pour cette proie gâchée, la jeune Maelÿs entendit de nouveaux bruits de pas qui n'étaient pas vraiment silencieux. Etait-ce quelqu'un de son village ? Cela était bizarre pour elle, à vrai dire, les chasseurs Ashtarus étaient aussi discrets que des félins et prêts à bondir sur leur proie au moment le plus propice. Alors qui était donc cet inconnu ?

Enfin, elle aperçut à travers les feuilles de son buisson le perturbateur, le gêneur et celui qui était responsable de la perte de son gibier. Un jeune homme avec une forte carrure et une allure assez séduisante qui avançait dans cette forêt sans aucune crainte perceptible. Peu intéressée et sensible à son charme naturel, la jeune fille haussa les yeux au ciel, se demandant ce qu'un tel homme pouvait faire ici, en plein milieu de la forêt sans aucune connaissance apparemment et sans notion du danger.

*C'est qui ce type ? Il fait quoi ici ? C'est étrange...*

Après déduction, elle pensa qu'il ne pouvait pas s'agir d'un Sin car ces monstres devaient éviter avec précaution la forêt. Du moins, c'est ce qu'elle pensait.

Si il avait été question d'un chasseur de son village, la jeune Maelÿs serait sorti de son buisson pour insulter copieusement son interlocuteur d'avoir fait partir le repas du soir. Cependant, au village des Ashatarus, on connaissait toutes les têtes et celle là ne lui revenait pas. Alors ami ou ennemi ? Il ne restait que les Muss ou les humains qui auraient pu s'aventurer ici. Peut-être que le jeune homme cherchait à rentrer dans le village. Une nouvelle recrue ?

Ne bougeant pas d'un pouce, immobile, Maelÿs observa sans un bruit l'individu qui ne se doutait pas que quelqu'un l'épiait. Une personne dangereuse qu'était Maelÿs lorsqu'elle s'énervait. Mais peut être était-ce son humeur plutôt bonne aujourd'hui, elle ne sortit pas tout de suite de sa cachette. Car en effet, la longue lame qui était attachée dans le dos du jeune homme pouvait justifier des intensions hostiles. Ou encore de défense. Après tout, il valait mieux ne pas prendre de risque inutile.

En réfléchissant bien, elle avait l'avantage du terrain et l'effet de surprise.

*Avec une arme on est jamais à 100% inoffensif. Mais je vais pas le laisser traîner ici sans connaître ses intentions. C'est peut être aussi un espion. Le mieux à faire c'est d'aller le questionner*

Maelÿs n'était pas folle. Elle voyait bien que la carrure du jeune homme était impressionnante et pouvait bien être le fruit d'un travail acharné. Non ce n'était pas de la graisse mais du muscle donc une raison de plus de se méfier.

Ayant trouvé une idée pour ne pas prendre de risque avec cet homme, elle se mit à farfouiller silencieusement dans sa sacoche jusqu'à attraper une petite fiole. Le flacon était rempli d'un liquide vert. Il s'agissait d'un extrait de plante qu'on trouvait dans les environs, qui, une fois distillé et traité, devenait un poison capable de glacer les veines et terminaisons nerveuses de son adversaire pour paralyser les muscles et donc les mouvements. La victime devenait donc immobile mais toujours consciente. L'effet durait 30 minutes après que le poison se soit infiltré.

Tous ceux qui sortaient du village Ashtaru, pour aller chasser ou en mission, conservait quelques poisons pour venir à bout de leurs adversaires ou tout simplement les contrôler. Surtout quand on a affaire à des Sins qui possèdent des pouvoirs, il valait mieux rester prudent.

Maelÿs ouvrit la fiole et trempa l'extrémité de quelques flèches dans le liquide vert. Puis elle referma son flacon et le rangea avant d'encocher une flèche sur son arc. La proie avait changé, il ne s'agissait plus d'un cerf mais d'un humain. Il lui fallait donc viser un endroit qui serait inoffensif et n'endommagerait pas ses fonctions vitales.

*Vise l'épaule mais pas l'os, juste la chair... Voilà, un peu par là... C'est bon !*

Elle mit sa flèche en joue, banda son arc et tira droit dans l'épaule de son adversaire. Cependant elle ne sortit pas de sa cachette jusqu'à ce que la flèche atteigne sa cible.

(HS : Elle est méchante la Maelÿs >_<)

Cet endroit était vraiment magnifique.
Ronan tournait la tête autour de lui, admiratif et ne s'en cachant pas.
Lui-même avait été élevé dans le respect de la nature. Après tout, son village même s'il ne se trouvait pas dans les glaciers même n'en était pas très loin. Il avait eu l'habitude de pêcher et chasser et remerciait la nature pour ce qu'elle leur offrait. Car sans, lui et les siens n'auraient pas pu survivre ou auraient dû agir comme certains humains, obligés d'attaquer les villages les uns après les autres pour voler ce dont ils avaient besoin.
Et pour le réussir il fallait encore se retrouver face à un village sans défense.
Et ça ce n'était décidément pas gagné d'avance.

Le jeune homme se remit tranquillement en route, son regard se posant un peu partout autour de lui, le forçant à se démettre à moitié le cou.
De temps à autre, il s'approchait d'un arbre et posait sa main sur le tronc, en éprouvant la résistance et la dureté de l'écorce.
Ce n'étaient pas les mêmes arbres que près de chez lui. Enfin certains leur ressemblaient beaucoup. Mais ceux-là étaient plus verts, plus grands.
Oh oui, ils étaient vraiment immenses !

Néanmoins, il ne se doutait pas de la présence de la jeune chasseuse tapie et silencieuse, invisible à son regard, même sans doute, s'il avait cherché à la trouver.
Après tout, comment aurait-il pu seulement s'en douter ? Ses sens étaient développés, il avait été formé en guerrier. Il aurait pu repérer à peu près n'importe quelle menace. Mais elle non... il ne l'entendait pas, pas le moins du monde.

Aussi quelle fut sa surprise quand il s'en aperçut.
En réalité, tout à coup, l'instinct de la bête lui cria "danger" et il se retourna vivement vers un son percevant un sifflement arrivant sur lui, de sa droite alors qu'il marchait paisiblement l'instant d'avant.
S'il aurait pu songer à une sorte d'oiseau défendant son nid duquel il se serait par mégarde approcher le garçon eut très rapidement la preuve que ce n'était pas le cas.
Bien sûr il avait été rapide sur ce coup, se protégeant de la main.
Mais cela n'arrêta pas la flèche qui au lieu de se ficher dans son épaule s'enfonça dans la paume de sa main droite, tout de même ralentie par la pression de ses doigts se refermant sur le long et robuste mince corps de bois.

Poussant un grognement de douleur, il l'ôta rapidement d'un geste et porta la main gauche au manche de son sabre dans son dos, le libérant d'un mouvement ample et fluide d'habitué.
Déjà il se mettait en garde et fixait les alentours soudain avec beaucoup de méfiance, en appui sur une de ses jambes, l'autre légèrement en retrait derrière lui, prêt à se défendre.

- Eyh ! Je ne suis pas...

Il s'arrêta...
Bien qu'il n'ait encore aucun endroit réel à fixer, son regard cherchait le tireur de la flèche. Bien sûr, il savait à peu près d'où elle était partie mais il aurait été bien imprudent d'aller vers ces buissons. Déjà il ne connaissait rien à ce lieu. Ensuite s'avancer imprudemment l'aurait peut-être conduit dans un quelconque piège. Enfin, il n'avait pas l'intention de se battre et n'avait sorti son sabre que pour se défendre, pas pour attaquer.
Mais alors qu'il voulait exprimer justement le fait qu'il ne venait pas en ennemi, qu'il ne souhaitait pas se battre, le jeune homme fut pris d'un vertige.

Il n'avait pas fait vraiment attention à la flèche, ne pensant pas une seconde qu'elle pouvait être plus dangereuse qu'il n'y paraissait. Dès qu'il l'avait reçu il s'était dit que le tireur devait être un débutant car l'angle de tir prouvait qu'il ne l'aurait pas atteint gravement. Sauf si c'était intentionnel. Il en avait entendu parler. Portant sa main blessée à son front il sentit sa main serrant son sabre se détendre et laisser tomber l'arme à terre. L'instant d'après il était au sol, sans comprendre ce qui s'était passé et tentait vainement de faire répondre son corps aux ordres de son cerveau.

Continuant de fixer sa nouvelle proie de son regard vers, Maelÿs attendait le verdict de sa flèche qui avait transpercé l'air pour se planter dans la main du jeune homme qui avait eu le réflexe de se protéger. Sûrement pas un amateur d'après elle. Il se serait écarté, elle aurait du dégainer de suite à nouveau une nouvelle flèche. D'ailleurs, la jeune chasseresse avait en joue un autre de ses projectiles, par mesure de précaution et de prévoyance.

Juste après l'impact de la flèche, la réaction de l'individu fut de dégainer son sabre qu'il portait dans le dos, prêt à se défendre. Les hostilités étaient ouvertes. Cependant, il commença un début de phrase qui pouvait laisser supposer qu'il n'était pas... un ennemi ? Un Sin ? Un Muss ? Qu'est-ce qu'il n'était donc pas ?

La méthode de Maelÿs était rude, violente, voire vicieuse mais elle était nécessaire pour tous ceux qui s'aventuraient dans les bois. Elle ne se rappelait que trop bien des conseils avisés des anciens, qu'un Ashtaru sans méfiance pouvait se retrouver à la merci de son ennemi. La stratégie était d'abord le contrôle, puis la vérification des lieux, l'immobilisation et l'interrogatoire.

*Ca ne devrait pas tarder à faire son effet. Voilà... Maintenant !*

Le poison se répandit dans les veines du jeune homme qui docilement desserra son arme. Celle-ci tomba sans un bruit au sol. Le poison paralysant était vraiment une bonne arme, frappant au moment où on ne s'y attend pas. Mais dès que l'adversaire se rend compte que son opposant utilise un poison offensif, il est difficile de le berner une seconde fois, l'expérience étant riche en apprentissage. Et heureusement pour le jeune homme qui n'était pas en situation directe de danger (enfin pas pour l'instant), il allait apprendre à se méfier la prochaine fois qu'il recevrait un coup.

Quelques minutes après, l'opposant se trouvait au sol, à la merci de la jeune Ashtaru qui pouvait maintenant procéder à la suite des opérations. Quel malchance il avait eu de tomber sur elle. Il fallait dire que la demoiselle ne prenait pas de pincettes. Cependant, si il s'agissait d'une nouvelle recrue, le traitement infligé devait rester léger pour ne pas l'abîmer ni lui faire penser que les Ashtarus étaient des sauvages insensibles à la civilisation et vivant comme des rustres. Après tout, c'était des humains.

La deuxième étape était d'attendre un peu avant de sortir de sa cachette, si l'individu n'était pas venu seul, il serait dangereux de se dévoiler. Mais personne n'arriva. L'homme restait au sol, attendant sa sentence.

*La voie semble être libre, c'est le moment d'y aller*

C'est alors que les buissons dans lesquelles se cachait la chasseresse se mirent à bouger. Maelÿs se redressa, sortit de son abri de fortune et se dirigea d'un pas souple et tranquille vers son adversaire au sol.

"Vous êtes bien courageux de vous promener dans les bois seul sans faire attention aux dangers qui rôdent..."

Une phrase brève mais typique de Maelÿs qui n'était pas du genre à souhaiter la bienvenue dans ces lieux. A son air et sa démarche aussi assurée, on pouvait se douter qu'elle connaissait bien les alentours. Sa tenue assez simple et rustique ainsi que son arc pouvait donner des indications au sujet de son appartenance au peuple des Ashtarus.

"Soyez tranquille, ce poison ne vous tuera pas. J'ai simplement paralysé vos muscles par simple mesure de... précaution"

C'était de bonne guerre. Après tout l'inconnu était bien sur le territoire et ne s'était pas affiché directement. Dans ce monde sauvage et hostile, qui pouvait vraiment savoir reconnaître les amis des ennemis ?

Elle s'approcha du jeune homme, ses yeux émeraudes fixant ce corps d'athlète puissant et qui semblait bien entraîné. Si Maelÿs n'était pas aussi froide, peut être qu'elle aurait eu un petit faible pour lui. Après tout il n'était pas désagréable à regarder. Mais ce genre d'homme aimait profiter de cet avantage pour séduire. Elle le savait. Même à elle il lui arrivait de faire un peu de charme pour ses missions même si cela la répugnait et que ses réactions étaient à contrecoeur.

Maelÿs sortit une corde de son sac et entreprit d'attacher les membres de son "hôte" surprise. Elle ligota les jambes ensemble et les mains liées. Oui car si il s'agissait d'un Sin, la jeune Ashtaru avait appris qu'ils détenaient des pouvoirs et que si l'effet de son poison s'estompait, il y avait toujours un léger risque de retournement de situation.

Puis, elle l'attrapa sous les bras et le traina sans un mot jusqu'à un arbre pour qu'il puisse s'adosser et qu'il puisse voir ce qui se passait.

Enfin, elle attrapa son arme et le fourreau qui allait avec pour les installer dans son dos à elle.

Sa besogne terminée, Maelÿs retourna vers le jeune homme et s'accroupit en face de lui, son visage pâle et fin ne montrant aucune expression. En effet, elle restait impassible face au charme et à la situation de son interlocuteur.

"Voilà. Maintenant que vous êtes un peu plus à l'aise, j'ai besoin de connaître votre identité et vos intentions sur notre territoire. C'est rare qu'un beau jeune homme, armé en plus, décide de venir faire une petite promenade dans les bois"

Elle fit une petite pause, dévisageant l'inconnu et essayant de déceler son état d'esprit. De la peur ? De la crainte ? Ou encore de la colère ? Pour l'instant difficile de le dire.

"Vous pouvez parler. Le poison ne paralyse pas les muscles de la langue"

Après tout il n'avait fait que s'égarer... ce n'était en rien fait exprès... Il ne connaissait pas cet endroit, en fait c'était tout le problème d'ailleurs. Plus il s'était avancé de cette immense étendue verte, plus Ronan s'était dit qu'il devait être entré en territoire Ashtaru.
Il n'avait pas vraiment peur. Après tout il savait se battre et si jamais on l'attaquait, en fonction des effectifs soit il comprendrait, soit il prendrait la fuite. Même si n'ayant pas été habitué à la deuxième option il n'aurait certainement recours à celle-ci qu'en cas de mort imminente.
Bon... Il fallait voir les bon points ou plutôt ceux qui le poussaient à avancer.

Tout d'abord, c'était une immense forêt. Si vraiment il s'agissait du territoire des Ashtarus, ils ne pouvaient pas être partout à la fois. De ce qu'il savait d'eux, ils vivaient en village, donc à moins qu'il tombe pile sur un des villages, ou sur un groupe d'Ashtarus en promenade ou chasse, il n'avait pas beaucoup de chance d'être surpris. Ensuite les Ashtarus même s'ils haïssaient les Sins n'attaquaient pas les humains sans raison, du moins de ce qu'on en disait.

Bref... Ensuite, ils ne pouvaient pas vraiment savoir pour lui s'il était un Sin ou non parce que le tatouage en triskel qu'il portait savamment travaillé camouflait plus sûrement que si on avait tenté de s'en débarrasser en blessant ou brûlant le garçon, sa marque.
Et enfin, point non négligeable, il devenait impossible de circuler dans le désert sous cette chaleur et il était exténué.Il avait besoin de repos et d'ombre surtout. Après tout, le soleil cognait vraiment dur et il était dangereux de s'obstiner à marcher dans ces conditions.

Voilà donc pourquoi faisant peut-être preuve d'imprudence, Ronan passa le couvert des arbres.
Il faisait bon, frais ici et il poussa un soupir de soulagement. Il en avait besoin, la tempête l'avait pas mal fatigué et il n'aurait certainement pas très bien supporté de marcher encore des heures aujourd'hui, surtout maintenant que le ciel dégagé permettait au soleil de darder ses rayons meurtriers sur les pauvres victimes s'offrant à lui.
Le jeune homme ôta la longue cape à capuche qu'il portait pour le protéger entre autre dudit soleil assassin.
Le mettant sur son bras après l'avoir plié, il marcha sans réelle prudence c'est vrai, admirant le paysage.

Tout se précipita par la suite. La flèche qui siffla, à laquelle il évita son épaule mais qui se planta dans sa main. La douleur du fer mordant dans la chair et plus cuisante encore alors qu'il l'arrachait de sa paume et que le sang commençait aussitôt à couler, heureusement légèrement.
Déjà il sortait son sabre prêt à défendre sa vie si on souhaitait la lui voler.Pourtant il avait commencé sa phrase. Il voulait dire à ses assaillants, peu importait leur nombre, qu'il n'était pas un ennemi, qu'il ne souhaitait pas se battre et n'agirait ainsi que si on l'attaquait, qu'il ne voulait du mal à personne ici.

Sauf qu'il ne put rien dire de tout cela. Un engourdissement le prit de sa blessure à la main et pendant une seconde il se dit qu'une de ses veines avait dû être tranchée et qu'en perdant du sang, il devait être pris de vertige. Oui il avait des vertiges et de sacrés vertiges d'ailleurs mais ce n'était pas à cause de sa blessure mais plutôt à cause de ce qui avait été mis sur la flèche et se répandait à présent dans ses veines.
L'engourdissement monta dans son corps paralysant petit-à-petit chacun de ses muscles, les raidissant douloureusement avant de les... relâcher, les déconnectant d'une certaine façon de leur serveur, son cerveau.

Le garçon se retrouva au sol avant même d'avoir pu comprendre ce qui lui arrivait, son épaule gauche heurtant d'ailleurs durement une racine, ce qui l'étourdit une seconde.
Là il ne comprenait plus rien du tout !
Il avait cru qu'on l'attaquait et c'était bien le cas apparemment. Mais avec une seule flèche... flèche imbibée, trempée dans quelque chose, un quelque chose qui avait anéanti toutes ses forces, chacun de ses muscles, le rendant totalement impuissant... mais qui ne l'avait pas tué.
Ce sentiment de non contrôle sur son corps était horriblement frustrant mais il devait réfléchir... On n'avait pas cherché à le tuer. Pourquoi ?

Il eut la réponse l'instant d'après lorsqu'une jeune femme sortit de derrière un buisson qui était tout de même assez éloigné de lui. Il s'attendait à voir d'autres personnes approcher mais apparemment il n'y avait qu'elle. Il en resta bouche-bée.
Non seulement cette fille était seule, mais elle avait tiré d'aussi loin ! S'il n'avait pas eu les sens aussi développés, il n'aurait pas entendu sa flèche et elle aurait atteint sa cible, or elle ne cherchait pas à le tuer, il bougeait quand elle avait tiré !
Peu importait qui elle était, il savait à présent qu'il avait devant lui une redoutable tireuse à ne pas prendre à la légère.

De toute façon, ce n'était pas son genre, lui qui était excessivement timide n'arriverait pas, même s'il lui en prenait l'envie, de parler, considérer de haut une femme.
Quand elle fut proche de lui, il déglutit difficilement. Elle était... jolie... très jolie même. Ses vêtements, sa façon de se tenir, les expressions de neutralité sur son visage lui donnaient des airs d'amazone farouche.
A peine se faisait-il cette réflexion qu'en moins de deux il se retrouvait ligoté et traîné plus loin. Autant dire que la situation ne lui plaisait pas des masses. Lui qui était mal à l'aise par un simple regard de la part d'une femme, les contacts avec des inconnues étaient à proscrire.

Aussi quand elle revint devant lui pour l'interroger il rougissait à en donner mal à la tête au plus aguerri des timides.
D'ailleurs s'il avait su ce qu'elle pensait de lui, qu'il était sans doute un dragueur profitant de ses muscles pour abuser les femmes, il aurait peut-être même pu être encore plus rouge (difficile à imaginer mais si !)
Alors si elle cherchait quelque chose dans le regard qu'il gardait obstinément baissé vers le sol, ce n'était ni de la colère, ni de la crainte, mais une gêne assez... énorme en fait.
Finalement il ouvrit et referma la bouche à plusieurs reprises, les yeux baissés toujours avant d'articuler difficilement.

- Je ne suis pas un ennemi. Je ne veux de mal à personne... la...il y a... eu une tempête... je... je me sous égaré... je voulais juste me reposer un peu... s'il vous plait ne me regardez pas comme ça...

En parlant de regard... avait-elle remarqué le sien ? Suite à ses paroles ? Quand elle avait dit qu'il était courageux, l'alertant quelque peu... où quand elle lui avait posé ses questions... ou plus encore le regard à la fois surpris et admiratif lorsqu'elle avait mis son sabre dans son dos. Ayant été forgé à partir d'une météorite il était très lourd, or elle n'avait même pas grimacé. Cette fille était entraînée c'était certain !!!

Oh que la journée avait bien commencé pour la jeune Ashtaru qui était parti chasser.

Elle se rappelait encore les recommandations de ses parents, toujours un peu inquiets de voir leur fille partir seule d'un endroit à l'autre, seule et solitaire. Que malgré son rude entraînement, son mental en acier, elle restait une jeune fille après tout. Le sexe faible comme dirait certains hommes. Même si Maelÿs cherchait à prouver le contraire, qu'une femme pouvait être aussi forte qu'un homme avec de la persévérance, de la motivation et de la détermination.

Non, elle ne faisait pas partie de ces filles qui attendaient un sauveur masculin, le prince charmant sur son cheval blanc. Elle ne voulait pas d'une vie facile et futile où les seules activités étaient de faire la cuisine, le ménage et la couture. D'ailleurs, on peut rappeler qu'elle a toujours été extrêmement maladroite lorsque la jeune fille s'était mise à la cuisine, qui se termina par un bout brûlé et carbonisé et immangeable. On ne peut pas tout savoir faire, manier le katana est plus pratique que de manier la poêle à frire, cela était un fait pour Maelÿs.

C'est pourquoi les dangers du monde extérieur faisait parti de son quotidien. Peut être qu'elle cherchait trop les ennuis, qu'elle flirtait avec l'adrénaline, mais c'était ça que la jeune Ashtaru aimait. Une sensation au fond de son âme, que son bonheur se trouvait au bout de son arme et dans ses buts et objectifs quelque peu guerriers. C'était sa vie et elle ne l'échangerait pour rien au monde.

Bref, le jeune individu, humain ou autre chose, n'était pas dans un jour de chance. D'autres Ashtarus se seraient sûrement directement dévoilés mais armés, lui aurait posé des questions sans prendre autant de précautions et faire preuve de prudence. Après tout si il s'agissait d'un futur allié, pourquoi lui réserver un mauvais traitement ? C'était indigne du peuple Ashtaru, les gens n'étaient pas des bêtes sauvages quand même.

Mais Maelÿs n'était pas comme ça. Ce qui lui valait souvent les remontrances de ses congénères n'approuvant pas ses méthodes rustres de guerrière trop prudente. On attaque et après on parle. Telle était la vision de la jeune femme. Elle imaginait la réaction des autres guerriers. Qu'on lui reprocherait que la jeune chasseresse était trop directe. Comment avoir une bonne réputation aux yeux des humains avec une fille pareille dans les rangs ? Mais c'est ce qui séduisait Erwan, le côté rebelle et libre de la guerrière, son tempérament de feu.

Et en effet une simple flèche avait eu raison du jeune homme qui était paralysé, incapable de bouger, soumis à sa volonté. La distance était certes éloignée lors de son tir. Mais cela faisait parti des capacités des Ashtarus rompus à la chasse et à la survie dans la nature. Il fallait savoir qu'un tel tir ne devait pas être pris à la légère. En effet, le tireur devait avoir un regard aiguisé, précis. Se servir du sens du vent pour ne pas handicaper le tracé de la flèche et avoir suffisamment de force pour tendre la corde de l'arc avec précision. C'était un équilibre. Ni trop tendue, ni trop détendue, en fonction de la situation.

Maelÿs connaissait bien cette pratique mais il ne faut pas croire qu'elle en est à son premier essai. La pratique, l'entraînement, la chasse, toutes ces choses développées pendant des années ont forgés la guerrière qu'elle est devenue aujourd'hui.

Pourtant, comme tout le monde, la jeune femme n'était pas invincible. Cela n'était possible que dans les histoires et les légendes. Maelÿs possédait aussi ses points faibles, qu'elle cherchait à tout prix à rayer de son répertoire, de les faire les plus discrets possibles. Lorsque l'on finit par trouver le point faible de son adversaire, alors le combat peut s'inverser et se retourner, ce que la jeune fille refusait et repoussait aussi loin qu'elle le pourrait.

Elle dévisageait l'homme le fixant de son regard. Plongeant ses yeux dans les siens avec la plus grande froideur que Maelÿs était capable. Surtout face à un homme de cet allure, autant ne pas succomber à ses charmes. Heureusement pour Maelÿs, l'allure d'un homme n'avait que peu d'importance pour elle. Toujours pour cette raison de vouloir être à leur niveau.

*Tssss ! En voilà un homme bien dessiné... M'étonnerait pas qu'on l'utilise pour des missions diplomatiques, je suis sûre qu'il a du faire plier pas mal de miss. Et puis c'est quoi ce regard innocent et embarrassé ? Tu crois que tu peux m'avoir avec ça ? Peuh ! T'as choisi le mauvais adversaire mon joli*

Esprit impénétrable et complètement hermétique, il était impossible de deviner les sentiments de Maelÿs. Avait-elle craqué pour lui ou était-elle totalement indifférente ? Des questions qui restaient en suspension sans véritablement de réponse.

Mais le jeune homme inconnu baissait le regard vers le sol, voulant éviter de croiser celui de Maelÿs. Déjà elle montrait ici toute sa domination, que la jeune femme croyait avoir gagné la bataille des regards et faisait craindre son adversaire à l'avance. Après tout il était entièrement à sa merci, docile et innocent comme un agneau. Oui mais attention, un agneau entraîné apparemment.

Alors, il prononça quelques paroles. Hésitantes, bredouillantes. C'était d'un pathétique pour Maelÿs. Haussant les sourcils dans une attitude pas très convaincue de sa réponse très simpliste et guère développée. Pas un ennemi ? Personne n'est ennemi ici, c'est le monde des Bisounours, tout le monde se serrent les mains et avance. Alors ses paroles manquaient de conviction. Ou peut être était-ce toujours cette crainte ou cette gêne ?

Mais l'attitude qu'il avait eu, le manque d'aisance et d'assurance dans la forêt, confirmait à Maelÿs qu'il s'agissait d'un voyageur perdu. Elle n'en avait pas fini avec lui. Ah il ne voulait pas qu'il la regarde ? Peut importe, cet individu n'avait aucun ordre à lui donner.

"Ici, c'est moi qui commande. C'est moi qui pose les questions. Je vous regarde si ça me chante. Je déteste quitter mon adversaire du regard même pendant une seule fraction de seconde. Il va falloir vous y habituer"

Imposer son caractère, sa situation et que là, maintenant, c'était Maelÿs qui avait l'avantage, cela était vraiment intéressant pour elle. Une autre solution était d'emmener le jeune homme directement au village Ashtaru mais il fallait se montrer réaliste. On emmène pas un loup dans une bergerie, Maelÿs devait donc se débrouiller seule.

"C'est bien joli votre histoire mais je n'apprends pas grand chose. Vous venez d'où ? Gamma ? Mégalopole ? Ou encore un coin un peu plus secret ?"

Maelÿs insistait fortement sur la dernière proposition, laissant supposer qu'il s'agissait du repaire des Sins. Ah mais qu'elle était naïve parfois de penser que son adversaire lui dirait, la bouche en coeur qu'il revenait d'une petite visite de chez les Sins après avoir pris le thé avec eux. Quelle erreur cela aurait été, tout en sachant que la jeune fille était une Ashtaru cherchant uniquement à éliminer ce genre de monstres.

En parlant du regard que le jeune homme lui portait, elle avait cru apercevoir une pointe d'admiration au fond de ses yeux lorsque Maelÿs avait hissé la lourde arme sur son dos. Une arme qui d'ailleurs avait un poids au-dessus de la moyenne. Une arme qui ne devait pas être donné au premier venu vu sa lourdeur. Plus de doute pour la jeune femme, sa méfiance était concentrée au maximum. Une personne pouvait porter ce genre d'arme lourde et surtout après l'avoir vu la dégainer avec autant de fluidité que si il s'agissait d'une dague ou d'une arme courte ne pouvait être que très bien entraînée. C'était impossible autrement.

*Et bien, il est surprenant cet homme. Si il nous rejoins cela va faire du grabuge dans les rangs. Surtout je ne baisse pas ma garde, il y a sûrement d'autres surprises...*

Comment cela faisait-il que la jeune Maelÿs, une femme en plus, puisse portée une arme de cette ampleur ? Son entraînement et à force de ramener de lourdes charges et du gibier assez gros, les muscles de l'Ashtaru avaient fini par se développer au cours de ces nombreuses années. Cependant, même si elle est capable de porter cette arme, elle serait bien incapable de pouvoir la manier avec autant de fluidité que son propriétaire.

"Vous avez une bien jolie arme... Et sûrement pas à la portée du premier débutant. Je suis intriguée par cette capacité. Vous comprendrez tout à fait la méfiance à votre égard"

Et puis à ce propos, qu'en était-il de sa personne ?

*J'ai pas pensé à le fouiller... Si ça se trouve, il cache encore quelque chose... au cas où. Impossible qu'un guerrier n'ait pas d'arme de secours*

Alors, sans crier gare, Maelÿs entreprit une fouille méticuleuse de la personne en face de lui. A ne pas confondre avec une vulgaire tentative d'approche ou de tentation. La jeune femme commença à tâter ce corps musclé et bien formé, ce torse entraîné et qui ferait pâlir d'envie n'importe quelle fille. A la recherche d'une arme.

*Punaise ! Il a des réserves quand même... Je me demande si je devrais pas lui piquer un rappel de poison paralysant... pour être sûre... Bon j'ai encore un peu de temps*

Ses mains parcouraient son corps, ses vêtements puis descendirent au niveau des poches et de la ceinture. Qu'y trouverait-elle ? Enfin, elle termina par lui enlever les chaussures, au cas où il aurait planqué quelque chose à l'intérieur.

Pauvre Ronan.
Comment aurait-il réagi s'il avait eu conscience des pensées de la jeune femme qui lui faisait face ? Certainement de manière démesurée comme d'ordinaire. Lui qui avait toutes les peines du monde à être à l'aise avec les femmes. Quoique, cela s'était tout de même considérablement amélioré, mais celle-ci avait un petit quelque chose intimidant qui le rompait au silence, au respect et à l'obéissance.
A tel point qu'il s'en sentait totalement stupide et démuni. Comment lutter contre ses propres réactions, légitimes ?

Il se sentait très mal et ne doutait pas de la couleur de ses joues.
Effectivement il était très rouge.
Mais s'il avait su, qu'envers et contre tout, la demoiselle à ses côtés le croyait en train de tenter de la manipuler, nul doute que son trouble aurait été bien plus grand.
Même s'il se savait grand et costaud Ronan n'avait pas vraiment confiance en lui. Enfin en ses capacités de guerrier oui, en ses capacités d'homme face à une jolie femme... Pas du tout.
En fait, même s'il en avait eu envie, il n'aurait tout simplement même pas été capable de lui dire qu'elle était belle justement. En fait le penser tout court était déjà une chose pas vraiment aisée alors le dire...

Alors non, il n'était pas en train de tenter une mine de beau guerrier incompris, blessé par son attitude.
Qu'aurait-il pu faire ? Eh bien alors qu'elle le questionnait, il aurait très bien lever un regard de braise vers elle, lui faire un sourire de tombeur et user d'une voix profonde pour lui dire qu'il était peiné d'être attaqué de la sorte, mais admiratif d'une telle maîtrise et de tant de rapidité chez une jeune femme à l'apparence et innocente et au comportement de tigresse. Sur ce, il aurait pu ajouter qu'il pouvait considérer comme un plaisir et un honneur d'être entravé et à la merci d'une telle demoiselle et qu'il trouvait la situation intéressante.

Et que dalle oui !
Il était tout rouge, bégayant et victime d'une gêne à un point à peine permis qu'elle sembla se faire une joie de rendre plus grande et plus capricieuse.
Quand elle parla, il se crispa et risqua un coup d'oeil timide vers elle, rougissant de plus belle.

- Non ! ... Non ce n'est pa.... pas... ce que je voulais dire... je... je veux juste... pas être... enfin... je ne suis pas très... à l'aise...

Il rabaissa aussitôt les yeux en se mordant la langue.
Aie. Son discours était confus. Fallait dire qu'elle l'intimidait elle voilà tout ! Ne se rendait-elle pas compte à quel point il était difficile pour lui de s'exprimer ainsi ?
Il prit une profonde inspiration et releva les yeux vers elle, essayant de se calmer, pour montrer son honnêteté.

- Je viens d'un village près des glaciers. Je devais faire le transit entre des marchands résidant près de Gamma et mon village. J'ai fais plusieurs escales pour le retour et je me suis perdu avec la tempête.

Ouaiiis !!!
Là il se serait félicité. Il y avait de quoi être fier non ? Il avait bien parlé sans bégayer et tout, essayant d'avoir un ton de voix moins gêné et plus assuré et là, face à cet effort, il reprenait son souffle, rassuré par sa propre performance.
C'était un peu comme si tout à coup il montrait qu'il n'avait pas vraiment peur. En fait c'était tout à fait ça. Malgré la pointe d'admiration qu'il avait eu pour la jeune femme, Ronan n'avait pas peur. Après tout, on lui avait appris à ne pas craindre le danger. Et ne surtout pas montrer ses peurs devant un possible ennemi ou adversaire.

Sauf qu'elle lui reparla et qu'il centra donc à nouveau son attention sur elle. Il était toujours entravé, même s'il appréciait le support du tronc d'arbre derrière lui pour lui éviter de chuter de manière ridicule puisqu'aucun de ses muscles moteurs ne répondait.
Il détourna les yeux vers son sabre dans le dos de la jeune femme quand elle parla de celui-ci. Oui il était vrai que c'était une arme originale. En effet, de son vrai nom cimeterre sa forme avait surpris bien des adversaires ou des alliés.
Il inclina légèrement la tête.

- je ne suis pas un ennemi.

Eh oui il se répétait... il fallait bien.

- Je suis navré si... mon... attitude à votre égard a pu vous le suggérer. Je suis un guerrier en effet et je n'avais nullement l'intention de le cacher damoiselle...

Il s'apprêtait à ajouter quelque chose d'autre quand elle eut une attitude qui ruina tous les efforts du jeune homme. Si l'instant d'avant il tentait de faire preuve d'un minimum d'assurance et de persuasion, le suivant il rougissait si rapidement que s'en était étourdissant et que lui-même en semblait sonné.

Pas d'inquiétude, il ne pouvait pas prendre cela pour une tentative d'approche, pas lui... Il ne comprenait déjà pas les signaux ou approches directes de certaines femmes qui le trouvaient à leur goût alors inutile de s'attendre à ce genre de supposition de sa part.
En voyant la jeune femme avancer il avait senti sa gorge s'assécher, observant ses yeux très verts qui semblaient pourtant très froids. Puis il s'était crispé... violemment en sentant ses mains sur son torse.

Qu... Quu... QUUUUU EST CE QU ELLE FAISAIT !!!!!!!
Il se mit à bafouiller des syllabes sans queue ni tête, très vite, les unes à la suite des autres, complètement paralysé dans sa crispation musculaire assez inattendue. Et pourtant le poison était censé l'immobiliser, mais il fallait croire que sa gêne était plus forte pour le coup parce qu'il avait justement réussi à se crisper.
Ronan comprit très rapidement ce qu'elle faisait, après tout, il avait devant lui une combattante, à n'en pas douter par sa tenue et son attitude... et son tir redoutable, mais cela ne l'aida pas pour autant.

Il avait l'intention ferme de coopérer... Pour la simple et bonne raison que même s'il se libérait il aurait toutes les peines du monde à lever la main sur une femme et donc...ne chercherait pas à lui faire le moindre mal, du moins tant qu'il pourrait l'éviter.
Néanmoins, même s'il connaissait son objectif, il ne pouvait s'empêcher de se sentir très mal et pas à sa place. Un autre en aurait largement profité c'est vrai, pas lui...
Il serra les dents en sentant les mains de la jeune femme chercher les armes, les yeux obstinément baissés et parvint à marmonner très vite.

- je... j'ai des poignards et couteaux à ma ceinture... enlevez... enlevez la moi si vous voulez... mais je... je...

Apparemment ses paroles n'y faisaient rien et il se contenta de rester silencieux par la suite.
Les pochettes accrochées à sa ceinture contenaient des plantes médicinales, des silex, un petit couteau pliant, des gants. Le sac qu'il avait auparavant sur le dos contenait un peu de nourriture et quelques gourdes, ainsi que le nécessaire pour un camping très sommaire.
Et puis soudainement alors qu'il ne s'y attendait pas, le garçon sentit l'espèce de distance entre son corps et son cerveau instaurée par le poison se relâcher.
Apparemment il était censé agir plus longtemps puisque la jeune femme face à lui semblait confiante enfin un peu... mais il était vrai qu'avec ses gênes d'animal son organisme s'en débarrassait peut-être bien plus vite que la moyenne.

C'est pourquoi il en profita c'est vrai pour ramener vivement ses jambes vers son torse comme pour se protéger d'une nouvelle fouille gênante. Ah ben oui, il aurait très bien pu en profiter pour se libérer surtout que la corde n'aurait pas forcément résisté très longtemps mais pour lui il y avait bien plus urgent. Un peu idiot le garçon ? Oui sans doute --'.

Qui était le plus gêné des deux ? Sûrement l'homme. La situation pouvait sembler originale voir amusante si les deux protagonistes n'étaient pas aussi sérieux. D'un côté, un homme musclé, un guerrier sans doute, paralysé et complètement gêné. De l'autre, une jeune femme sauvage qui ne prenait ni gants ni pincettes pour détailler et examiner cet homme sous tous les angles.

Si Maelÿs avait su que le jeune homme était aussi sensible aux charmes des dames, elle en aurait sûrement profiter pour en tirer davantage bien qu'il fallait le reconnaître, ce n'était pas une méthode que l'Ashtaru approuvait spécialement mais qui avait fait ses preuves par le passé, c'était une certitude.

Elle le dévisagea encore plus, sans se douter que derrière cette tête baissée et cette couleur rouge qui marquait la peau de l'inconnu dont de la vapeur semblait s'échappait qui aurait pu faire fondre n'importe quelle glace se cachait un homme qui n'aurait jamais frappé ou attaquer une femme. Mais cela, Maelÿs ne le savait pas.

D'autres paroles, tout aussi bredouillantes que les premières, sortirent de la bouche du jeune homme qui semblait totalement perdre ses moyens face... à quoi exactement ? une guerrière à l'allure féroce ? D'une Ashtaru ennemie des Sins ? Ou tout simplement d'une femme avec ses attributs destinés à appâté la gente masculine ?

*Pas à l'aise ? Par rapport à quoi ? A sa situation minable et gênante ? Oui je suis d'accord, un guerrier n'aime pas se retrouver à terre et sans défense*

Maelÿs se mettait bien à la place du jeune homme. En effet, si elle était dans cette position, en état de faiblesse, et un ennemi lourdement armé devant elle, il ne faisait aucun doute que la gêne aurait été un de ses sentiments. Mais contrairement à cet individu, elle aurait pesté, râlé, cracher, une vraie furie trop fière pour se laisser faire. Mais le monde est fait de personnes toutes différentes les une des autres.

"Oh allons, ne faîtes pas tant de manières... Vous avez de drôles de réactions quand même. "

Car oui, Maelÿs considérait qu'un guerrier, un vrai, restait fier et digne jusqu'au bout. Mais dans un autre sens, cela jouer en sa faveur, le jugement de Maelÿs se retournait un peu. Est-ce qu'il jouait la comédie ou ses paroles étaient sincères ?

Enfin, il sembla faire preuve d'un calme plus assuré, cherchant sans doute à prouver sa bonne foi aux yeux de la demoiselle qui ne le quittait pas du regard. Son discours semblait tenir la route. Du moins pour l'instant et Maelÿs n'était pas omnisciente, elle n'avait aucun moyen de vérifier ses dires. Elle se contenta donc de hocher la tête en silence.

Un simple voyageur donc qui était en mission. Sûrement un humain alors. Que devait-elle dire ou faire à présent ? Ces simples paroles auraient convaincus la plupart des Ashtarus qui auraient sûrement offert l'hospitalité au jeune homme afin d'en apprendre davantage sur l'actualité du monde et des nouveaux mouvements. Mais Maelÿs gardait toujours cette méfiance naturelle qui l'empêchait d'avoir une confiance totale et aveugle envers son interlocuteur.

*Réfléchis aux possibilités disponibles. Tu lui proposes l'hospitalité pour la nuit. Et si il revient le lendemain avec une armée hein tu fais quoi ? Tu le laisses bâillonné et attaché ici et tu retournes au village. Il est assez grand pour se débrouiller tout seul. Tu continues l'interrogatoire pour récupérer des informations supplémentaires*

Elle l'observa encore un moment. Il semblait gêné, troublé, mais aucun sentiment de peur ne semblait être visible. Soit il le cachait très bien, soit il n'avait effectivement pas peur de son ennemi. Bref, Maelÿs comprenait bien la situation.

Enfin, il prononça brièvement ces paroles. Que ce n'était pas un ennemi. Qu'il continuait à persister dans cette voie là.

Maelÿs croisa les bras et haussa un sourcil, assez intriguée et guère plus sensible à ce qu'il racontait.

"D'accord ! Et qui peux me prouver votre bonne foi ? On est l'ennemi de personne ici. Tout le monde est joyeux, heureux. Des personnes meurent tous les jours mais il n'y a pas d'ennemis... et d'autres plongent notre monde dans le chaos le plus total... Vous allez me faire croire à moi que tous les gens sont pacifiques ?"

La blonde s'enflammait. Etait-il si naïf que ça ? Elle avait parlé d'une voix calme et basse mais qui semblait en même temps puissante et dominante. Toute la rancoeur qu'elle pouvait avoir sur ce monde, les habitants qui abusaient des ressources. Et à force de continuer comme ça, il n'y aurait vraiment plus rien.

Il confirma ce qui était une belle preuve pour détendre un peu la jeune femme. Mais comment aurait-il pu le nier ? C'était tout simplement impossible et mentir l'aurait précipité vers un risque encore plus grand dans le comportement de cette Ashtaru qui ne semblait pas vouloir se laisser faire. Ainsi donc il s'agissait bien d'un guerrier.

Maelÿs approuva d'un signe de tête, satisfaite par sa réponse.

Lorsqu'elle commença à le toucher sous tous les angles, la réaction de l'homme parut tout à fait irréaliste. Reprenant de plus bête cette attitude si gênée et des bouts de syllabes sans queue ni tête comme si il ne supportait pas qu'on le touche et le manipule comme ça sans demander une quelconque permission. Mais Maelÿs n'avait pas l'intention d'avertir de ses actions, elle prenait ce qu'il y avait à prendre mais ne prévenait jamais. Il fallait s'y faire.

*Et bien ! Pour un guerrier il est... enfin je sais pas comment qualifier ça. Mais il ne devrait pas en être fier...*

"Vous faîtes un bien singulier guerrier... c'est pas la première fois qu'une personne doit vous fouiller... oh... à moins que cela ne vous ai jamais arrivé ? ?"

Encore une perche tendue pour en profiter. Maelÿs aurait pu très bien insister sur ses mouvements, faire des caresses et des gestes plus explicites, tester les limites du guerrier dans le palpage de corps. Peut être même que de le mettre torse nu aurait été des plus intéressant. Ah oui, cela aurait rendue la situation... originale. Mais rien que d'y penser, Maelÿs fit une grimace de dégoût, détestant user de ses attributs féminins pour parvenir à ses fins.

*Beurk Beurk Beurk ! Nan mais sérieusement, on est pas que des bonnes à plaisir pour les hormones masculins quand même... Aaaaaaah ! Ca me dégoûte !*

Lors de son inspection, il indiqua de lui-même la localisation de ses armes, et c'est avec un sourire qui n'avait rien de naturel que Maelÿs retira complètement la ceinture avec tout ce qui pendait au bout. Au moins, si l'homme cherchait à se lever, il se retrouverait dans une position encore plus gênante, sans ceinture, le pantalon se retrouve irrésistiblement attiré par la loi de la gravité. C'est comme ça !

Comme Maelÿs était très proche de lui, elle pouvait sentir la chaleur de son corps sur lequel on aurait pu faire chauffer des oeufs au plat, cela ne faisait aucun doute. Si la jeune Ashtaru était plus joyeuse, elle en aurait même ri ouvertement. Mais aucun son ne sortit de sa bouche, elle était complètement indifférente à l'attitude du jeune homme.

Fouillant dans ses affaires, elle ne remarqua rien de véritablement suspect. Et heureusement aucune arme technologique sinon Maelÿs aurait sûrement fait plusieurs bonds en arrière.

*Rien d'intéressant... Bon doit quand même y avoir un fond de vérité dans ses paroles...*

En effet, la jeune femme commençait à se détendre légèrement.

Puis, lorsqu'elle voulut lui enlever les chaussures, il ramena d'instinct les jambes vers son corps, ce qui surprit Maelÿs, qui ne s'attendait pas du tout à ça.

*Quoi ?! Le poison commence déjà à se dissiper ? C'est pas possible... Y a un truc pas net. Un humain normalement constitué ne peut pas s'en remettre aussi rapidement... A moins que...*

D'un coup et d'un mouvement vif et rapide, Maelÿs décrocha son arc, tendit sa flèche imprégnée de poison et cibla le jeune homme en moins de quelques secondes mais sans tirer.

"Bougez encore ne serait-ce que le petit orteil et cette fois je ne vous louperez pas... quoi que vous soyez..."

Son regard était sévère, ses mains fermement accrochés à son arc, seul le silence régnait à travers la forêt.

"Vous n'êtes pas normal. C'est impossible qu'un humain se remette aussi rapidement de ce poison. Alors expliquez moi ! Et si vous êtes un de ceux qu'on nomment Sins..."

Comment dégrader une situation en quelques minutes à peine. C'était comme si tout ce qui avait été dit avant était balayé par ce simple geste. La jeune Maelÿs devait le reconnaître, elle détestait perdre le contrôle.

HS : Désolée T_T une grosse part de mon mess s'est perdue T_T j'ai dû la retaper T_T et du coup c'est un peu moins long et convaincant T_T

Non, ce n'était pas la situation actuelle qui le mettait mal à l'aise.
En vérité si, mais pas sa situation de prisonnier, même si cela jouait.
Ronan était mal à l'aise parce qu'il était apparemment face à une possible ennemie... Mais c'était une femme, même s'il se libérait, il aurait toutes les peines du monde à se battre avec elle. En fait il ne pourrait se battre qu'en défense. Or elle avait son arme de toute façon.
Même si elle ne savait pas qu'il avait le gros défaut de trop respecter les femmes pour oser se battre contre elles. Non pas qu'il se croyait supérieur, c'était bien au-dessus de ça.
Il les respectait et aussi savait qu'elles pouvaient être de redoutables guerrières. Les quelques unes de son village étaient tout simplement exceptionnelles et la force des hommes qu'elles n'avaient pas était largement compensée par leur souplesse inimitable et leur défense consistant surtout en évitements.

Or, Ronan avait vu la façon dont la jeune femme dont il ignorait jusqu'au nom était venue vers lui. Elle avait une démarche légère, fluide. Il était d'ailleurs persuadé qu'elle était aussi à l'aise sur terre que dans les arbres et dans ce cas, alors que justement ils étaient entourés d'arbres, elle était dans son élément (outre bien sûr le fait qu'il était l'envahisseur et donc entrait sur son territoire). Provoquer cette fille n'était pas une bonne idée. De toute façon il en aurait bien été incapable.
Pendant une seconde, très courte seconde, il en vint à regretter de ne pas avoir la réplique provocatrice de Clark, un des jumeau Johnson.

Le jeune homme eut aussitôt terriblement honte de ses pensées.
Comment pouvait-il envier cette flegme morbide, ces répliques acerbes et prouvant qu'il avait l'intelligence et la jugeote d'un poireau. Voilà que cette drogue atteignait son cerveau et le faisait planer ! Non jamais il n'aurait aussi peu de respect pour une femme pour lui parler avec cette façon... si peu respectueuse et si insultante.
Jamais !!!

Bref, Ronan, c'était vrai, n'était pas en position de force. C'était même tout le contraire. A l'heure actuelle il ne pouvait pas faire grand chose.
Certes être prisonnier était dégradant mais il faisait preuve de calme pour le coup, essayant d'analyser la situation de manière positive. Si elle avait voulu le tuer, la guerrière en face de lui l'aurait fait depuis belle lurette. Il devait en tirer de bonnes conclusions. Elle ne cherchait apparemment qu'à veiller sur la sécurité des siens et il comprenait donc très bien qu'elle l'interroge.

S'il était prêt à à répondre à ses questions, ce n'était pas le cas pour se faire fouiller. Enfin qu'elle veuille le fouiller pourquoi pas... mais euh... était-elle obligée de s'approcher autant ? Il sentait son souffle sur son visage. ce n'était pas désagréable d'ailleurs, c'était bien tout le contraire. Aux vues de la fluidité de ses gestes pour simplement le fouiller, elle confirmait ses hypothèses comme quoi il avait devant lui une sacré chasseresse.
Ronan baissa piteusement les yeux. Elle ne semblait pas croire en sa timidité pour le coup.

Au départ cela se passait plutôt bien d'ailleurs.
Suite à ses questions, il s'était contenté d'un sourire gêné par rapport aux "manières qu'il faisait". Puis quand elle l'avait interrogé sur le monde il avait juste hoché la tête.

- Je suis d'accord... le... le danger rode partout. Mais je ne veux du mal à personne. Si on m'attaque je me défendrai mais autrement je ne souhaite pas me battre.

C'était vrai... Même si une autre part de lui adorait le combat, il la maîtrisait de mieux en mieux et savait rester d'un calme olympien face à la provocation. Enfin certaines pourtant étaient bien au-dessus du supportable et dans ce cas il s'emportait... et là, il valait mieux être très très très bon au combat pour lui faire face et survivre.
Mais bref... là le gros souci ça avait été la fouille... Elle avait bien remarqué sa faiblesse et lui n'avait pu faire autrement que se crisper.

Certes la jeune femme aurait pu en profiter davantage et il lui était reconnaissant de ne pas l'avoir fait mais tout à coup le jeu devenait beaucoup plus corsé...
S'il avait été surpris et un peu vexé par sa remarque, répliquant un brin sèchement que non il n'avait pas l'habitude et que d'ordinaire c'était lui qui fouillait les gens, pas le contraire, il n'en était pas moins intimidé.
D'ailleurs qu'elle lui pique avec un sourire aussi satisfait sa ceinture ne laissait rien présager de bon. Qu'avait dont prévu la jeune femme pour être aussi confiante ?

Ah ben là c'était sûr qu'il ne pouvait pas se libérer sans un minimum de prudence. Remarquez on ne se soucie que peu de ce genre de détail lorsqu'il faut se battre. Sauf que s'il se levait et que son pantalon se retrouvait au niveau de ses chevilles, il se casserait immanquablement la figure et donc elle gagnerait de toute façon --'
Ce n'était décidément pas son jour !

Mais la situation se dégrada nettement quand dans un réflexe, preuve de sa timidité mais encore et surtout qu'il se remettait, il releva les genoux vers son ventre.
Aie aie aie ! Apparemment non, on n'était pas censé récupérer aussi vite de la drogue.
Le jeune homme se retrouva très rapidement menacé d'une flèche, louchant sur celle-ci qui n'était pas bien loin de lui. Là, la jeune femme ferait un strike à coup sûr si elle tirait.
Le garçon tenta lentement de relever les main en signe de désarmement, qu'il se rendait. Après tout, il était encore tout entravé, le mouvement n'avait rien de simple.
Essayant de prendre un ton apaisant,il s'éclaircit la gorge.

-Calmez vous s'il vous plaît. Je ne veux de mal à personne ici... Je... je ne pense pas être un Sin.Après tout pour en être un il faut avoir un pouvoir à ce qu'on m'en a dit... Si j'avais un pouvoir ne pensez vous pas que je l'aurais déjà utilisé pour me libérer et vous attaquer ?

Bon après tout, elle n'était pas censée savoir qu'il ne toucherait jamais à une femme sans y être strictement obligé...

- Je... Soyons honnête... j'ai tout de même un gabarit important... de plus votre flèche ne s'est que peu enfoncée dans ma main et donc votre... drogue n'a que peu put se répandre dans mon sang... Enfin dans mon village nous utilisons aussi des concoctions... il se peut que certains mélanges se ressemblant j'ai été confronté à un semblable au vôtre et que... j'en sois moins sensible du coup...Je n'ai pas cherché à me libérer... calmez vous... s'il vous plait, je ne voulais... qu'éviter de rendre ce moment plus... difficile pour moi... navré si mon geste a pu vous faire croire à une attaque.

Oui c'était toujours mieux que de dire "navré de vous avoir effrayée", vu le caractère, l'expression sur son visage, les gestes de la jeune femme, ce n'était pas des paroles à sortir impunément. Il releva les yeux vers elle, essayant d'être convaincant par son regard et espérant sincèrement qu'elle le croirait. Même s'il se transformait là, après tout, il n'avait que très peu de chance de pouvoir éviter sa flèche et là... elle ne le louperait plus !

(Aaaarf ! Généralement je fais des copier coller pour éviter ce genre de désagrément, ça me sauve bien des messages x_x)

Encore et toujours le guerrier répétait qu'il n'avait que des intentions pacifiques. Un Sin aurait été mort de trouille et lui restait calme. Il ne devait pas s'agir d'une de ces créatures. Ce n'était pas possible pour Maelÿs qui était assez convaincante. Car oui, la jeune demoiselle avait déjà vu des Sins avant qu'ils ne soient sacrifiés sur l'autel de leur déesse, espérant ainsi faire revenir la verdure dans ce monde. Elle avait vu leurs regards apeurés et paniqués alors que les prêtres prononçaient leurs paroles.

Ses parents lui avaient toujours déconseillé d'assister à ce type de cérémonie choquante. En effet, contrairement à sa famille qui n'aimait pas voir la vie s'échapper du corps d'êtres humains, Maelÿs comprenait tout à fait qu'il s'agissait d'actes indispensables pour la survie du monde. Elle avait alors appris à considéré les Sins comme des bêtes, des créatures. Sauf qu'au lieu de les manger, on les éliminait. Pour que cet espèce d'énergie qui était en eux ne fasse plus de mal.

*Il m'a l'air d'être vraiment pacifique... De toute façon il ne sait pas où se trouve le village donc on ne risque rien*

Alors qu'elle avait une attitude des plus offensives, son arc tendu en avant, son regard sévère fixant le jeune homme, il tenta de s'expliquer en essayant de garder son calme. Après tout un guerrier bien entraîné ne paniquait pas devant son adversaire.

Lorsque le jeune guerrier se sentit "découvert", il tenta de se redresser en signe de capitulation. Ce qui était déjà le cas jusqu'à présent. Car il n'avait jamais été en situation de force ou d'avantage. Mais ses gestes répétés étaient simples à interpréter. Il avait juste eu la malchance de tomber sur Maelÿs qui était beaucoup plus méfiante que le reste des Ashtarus.

En entendant ses paroles, la jeune fille poussa un grognement avec une expression narquoise sur le visage.

"Et vous croyez vraiment que je me laisserais faire par un Sin ? Si c'était le cas, au moindre geste agressif, il se serait pris une flèche plantée en plein coeur. Jamais je ne laisserais l'occasion à un de ces monstres de lever la main sur moi. Vous entendez ? Jamais !"

Ses paroles étaient vraiment insistantes, on sentait toute la fierté de la guerrière qui se réveillait en elle, celle qui ne plierait jamais devant la volonté des autres. Farouche, fière, une vraie guerrière de la forêt.

Alors qu'elle continuait de tenir son adversaire en joue, il sortit une excuse sur l'éventualité de sa résistance à ce poison. Ce qu'elle trouva quand même un peu étrange et surprenant car les plantes de la Shora étaient tout à fait particulières. Des effets difficiles à trouver ailleurs. Après Maelÿs ne connaissait pas tout Isisnahl pour affirmer ses dires.

*Bon, je pense pas qu'il ait de mauvaises intentions...*

Maelÿs n'aimait pas trop ce qu'elle allait faire mais la jeune femme finit par baisser son arc et rengaina sa flèche dans son carquois en poussant un soupir d'exaspération qui en disait long. En effet, aucun tact, aucunes paroles détournées, une femme à l'état brut.

"Non mais vous vous rendez compte ! Vous m'avez fais loupé mon gibier ! Toute la traque est à recommencer maintenant et j'ai pas envie de traîner jusqu'à la tombée du jour !"

Pestant et râlant, elle ajusta un peu sa tenue, passa une main dans ses cheveux d'un geste nonchalant puis regarda rapidement les alentours.

"Très bien, vous m'avez convaincu. Je vais donc vous laisser. Cependant comme vous vous êtes perdu ici, je vais vous conduire jusqu'à la sortie de la forêt"

Elle fit quelques pas dans une direction mais sans pour autant baisser sa garde envers le jeune homme qui était toujours attaché. Un petit geste pour l'aider à se libérer ? Que dalle oui ! C'était un guerrier entraîné, il n'allait sûrement pas attendre qu'on s'occupe de lui. Et puis de toute manière, Maelÿs se doutait qu'il devait être assez fort pour se libérer tout seul. Il était hors de question que la jeune femme ait un seul élan d'aide envers cet homme là. Rien que la proposition de devoir le faire sortir de la forêt était suffisante.

En même temps, Maelÿs trouvait plus sage de l'accompagner jusqu'à la sortie. A vadrouiller ici au hasard, il pouvait très bien tomber sur le village et ça elle ne le voulait pas. C'était vrai que la guerrière ne savait pas comment les siens allaient réagir, que diront-ils ?

"En revanche je vous préviens. Si vous osez m'attaquer là maintenant où lors d'une prochaine rencontre ce que je n'espère pas, je peux vous assurez que je me montrerais pas aussi clémente qu'aujourd'hui" lança-t-elle tout en décochant un regard sombre au jeune homme.

Aiiie ! Il s'était mal exprimé !
Ronan rougit de plus belle. Il avait laissé entendre à la jeune femme qu'il la croyait incapable de se défendre contre un Sin. Pourtant il ne pensait pas du tout cela. Et comprenait qu'il avait froissé son ego il n'eut aucun mal à imaginer la potentielle situation de sa surveillante.
Elle était jeune, c'était une femme... Elle avait dû être sous-estimée par bien des personnes. Et pour prouver sa valeur, sans doute s'était-elle battue, entraînée plus que les autres. De plus elle semblait particulièrement douée en tir pour son âge qui semblait proche de celui du garçon donc elle avait sans doute travaillé sur un don déjà inné, réussissant à le cerner et à en percer les mystères.

Oui... Pour prouver aux autres de quoi elle était capable, elle s'était certainement défendue bien au-dessus de ce qu'il pouvait imaginer.
Lui-même se souvenait plus que bien des entraînements extrêmement rudes qu'il avait vécu, mortels pour certains de ses camarades, pour devenir l'un des guerriers, l'un des protecteurs du village, et plus tard celui de Naomi. On l'en avait fait baver...mais lui avait été soutenu, motivé, encouragé... Elle cela n'avait pas forcément été le cas.
Cette jeune femme avait bien plus de mérite que lui. Il se sentit honteux de lui avoir fait entendre, maladroitement et non intentionnellement bien sûr qu'elle n'était pas une bonne guerrière alors qu'il en pensait tout le contraire justement.

Il eut du mal à trouver les mots et continua de les chercher en silence, les yeux baissés sur l'herbe.
Sauf qu'il dut s'interrompre car elle annonçait le raccompagner à l'orée de la forêt. Aie... ça voulait dire qu'il n'était pas le bienvenue ici. Flûte. Lui qui pensait pouvoir chercher de l'eau puis chasser. Mais d'un autre côté, il n'était pas vraiment en position de discuter.

Comprenant qu'elle n'allait pas le libérer, malgré sa timidité et sa gêne, il eut un sourire, amusé et mordit directement dans le noeud maintenant ses poignet après avoir approché ceux-ci de sa bouche. Habilement il le détendit et se libéra très rapidement. Les noeuds, oui il avait l'habitude, on lui avait appris beaucoup de choses dans son village... et puis il y avait pas mal de pêcheurs aussi, il fallait savoir faire des noeuds.

Bon il fallait qu'il lui parle tout de suite, qu'il éclaire ses précédentes paroles. Là bizarrement, même si elle l'avait attaqué comme le prouvait la plaie à sa main, il se sentait responsable de sa frustration et voulait s'expliquer. Après tout... elle méritait des explications.
Sauf qu'il se redressa rapidement et oublia complètement qu'elle lui avait ôté sa ceinture. Ce qui fit qu'aussi souplement qu'il s'était levé, son pantalon glissa jusqu'à ses chevilles.

Fort heureusement pour lui, il portait une espèce de court short dessous, parce que sa chemise n'étant pas bien longue si ça n'avait pas été le cas il se serait retrouvé violemment dénudé devant la demoiselle. Néanmoins ce simple glissement provoqua un violent rougissement du garçon qui en tomba par terre et grimaça en heurtant une racine. Les yeux à nouveau baissés il releva rapidement son pantalon et se redressa prudemment cette fois, le maintenant correctement.

-Je peux avoir ma ceinture s'il vous plait.

Il avait marmonné très vite, l'air vraiment très très très gêné. Mais comme il n'avait parlé que dans un murmure gêné elle n'avait pas pu l'entendre et il entendit ses dernières phrases avec surprise et indignation. Cette fois il releva vivement les yeux vers elle, l'air profondément blessé par ce qu'elle venait de dire et se fichant du ridicule de la situation s'avança rapidement vers elle, continuant de tenir son pantalon et se planta devant elle, la dominant très largement.

-QUOIIII ?!!!!! Jamais je n'attaquerai un adversaire par derrière !!!! Jamais ! Et encore moins une femme ! J'ai du respect pour ceux que j'affronte !Et même sans ça je vous ai dis que je n'avais pas l'intention de me battre ! Que vaudraient mes paroles si je vous attaquais à présent ?!!!

Il lui jeta un regard colérique et reprit sa respiration, l'air débarrassé de sa honte et sa gêne précédentes.

- Ensuite je ne vous sous-estimais pas et je suis navré de m'être mal exprimé ! Je ne voulais pas faire entendre que vous n'êtes pas capable de vous battre contre un Sin, seulement que si j'en étais un j'aurais tenté de me libérer... parce que les Sins sont prétentieux et croient que leurs dons sont supérieurs aux qualités et maîtrises du combat des hommes !

C'était vrai en plus... il n'inventait rien pour le coup.
L'air plus du tout timide pour un sou, il tendit la main vers elle, geste pourtant effectué avec une lenteur mesurée.

-Donnez-moi ma ceinture. J'ai gâché votre chasse ? Alors je vais y remédier. Et si vous refusez eh bien je le ferai quand même !!!

Les hommes... Toujours à se croire les plus forts, les plus doués, les plus puissants. Et les femmes bonnes à faire le ménage et la cuisine. Toujours ce vieux cliché lorsque l'on pouffe au nez d'une femme qui se sent différente des autres et qui refuse de faire ces tâches ingrates, ne comprenant pas pourquoi il n'est pas possible de vouloir changer les traditions.

C'était ce que Maelÿs détestait le plus chez les Ashtarus. Leurs valeurs conservatrices. Et elle avait du se battre pour sortir du lot, n'étant pas du genre à se laisser marcher sur les pieds. Rebelle quand les autres fermaient leur bouche, grande gueule pour défendre les intérêts des femmes face à ces hommes qui se croient invincibles et grands protecteurs.

Alors, il fallait comprendre pourquoi elle n'aimait pas spécialement les hommes. Encore plus quand il avait une jolie face et un physique avantageux qui faisait fondre tout le harem de Monsieur. Encore, celui-ci semblait différent du reste car il n'était pas ce séducteur et dragueur profitant de ses atouts masculins pour charmer une femme. Du moins il ne le montrait pas à Maelÿs, comprenant sûrement qu'il valait mieux ne pas jouer avec elle.

Lorsqu'il se défie de ses liens, Maelÿs remarqua qu'il avait une bonne technique. Elle envisagea donc utiliser une autre méthode si il devait lui arriver de l'entraver à nouveau pour une autre raison. Afin de voir si il était rôdé à toutes les techniques d'immobilisation. En effet, les liens se desserrèrent avec énormément de facilité et rapidité. Une chose essentiel pour quelqu'un qui flirtait avec le danger, le pouvoir de savoir réagir vite pour se mettre à l'abri.

*Bien... Après tout ça ne m'étonne pas. Il a l'air plus sûr de lui que tout à l'heure...*

Cependant, elle n'avait pas oublié que le jeune homme n'était pas tout à fait en état de se lever. Ce qui pouvait se révéler amusant même si Maelÿs n'aimait pas vraiment s'amuser. Enfin un peu de distraction de temps en temps, cela ne peut pas faire de mal. C'est pourquoi elle observa longuement le jeune homme sans sourciller ni le prévenir jusqu'au moment fatidique.

*Quel est la couleur du caleçon de Monsieur le bellâtre ? Une question qui vaut de l'or !*

Et alors, il se leva. Aussitôt le pantalon fut irrésistiblement attiré par la loi de la gravité et se retrouva au sol en moins d'une seconde. La réaction de l'homme fut encore un rougissement violent de sa personne alors que la surprise de se retrouver les jambes à l'air semblait le rendre vraiment très mal à l'aise.

Maelÿs essayait de garder un air sérieux mais cela était difficile de ne pas pouffer de rire devant cette situation des plus embarrassantes mais aussi drôle. Cependant, la jeune demoiselle arriva à se contrôler et c'est juste un rictus qui anima son visage. De toute sa vie, jamais elle n'avait eu autant envie de rire. C'est que la vie chez les Ashtarus n'est pas drôle tous les jours il fallait bien le reconnaître.

Conscient de ne pas être à l'aise, le jeune homme réclama la ceinture que la jeune femme avait nonchalamment accroché autour de sa taille pour ne pas être encombrée. Oh elle allait lui rendre oui, mais Maelÿs avait une autre idée derrière la tête. C'est pourquoi elle feinta de ne pas avoir entendu ses paroles, mettant ça sur le compte de paroles prononcées trop vites et incompréhensibles pour elle.

Cependant, sa phrase sur une éventuelle trahison fut très mal prise par cet interlocuteur qui s'énerva en sortant tous les plus grands bons sentiments du monde, continuant malgré tout de montrer sa bonne foi. Chose à ne pas faire avec Maelÿs qui supportait très mal que l'on parle plus fort qu'elle. Alors, haussant les sourcils et se redressant de toute sa hauteur, elle lui balança des paroles encore plus fortes et cinglantes.

"Ca c'est vous qui le dîtes ! Vous êtes né dans le trou du monde ou quoi ? Vous n'avez jamais entendu parler des trahisons ? Des traîtres ? De ceux qui mentent pour s'en sortir et qui n'hésitent pas à planter une arme en plein coeur dès que l'occasion se présente ?"

Reprenant son souffle pour porter sa voix encore plus puissante.

"Je ne vous connais pas je ne sais pas de quoi vous êtes capable. Nous vivons dans un monde dangereux. Alors malgré toutes les paroles les plus belles du monde, jamais je ne baisserais ma défense. Non mais sérieusement, on est pas dans les histoires pour gosses ici. J'ai jamais vu ça..."

Il y avait du vécu dans ses paroles et pour approuver ses dires, et ainsi avoir le dernier mot, Maelÿs décida de parler d'un évènement qui s'était produit récemment.

"Je sais de quoi je parle. Il y a peu de temps, deux jeunes femmes ont déserté le village Ashtaru. Je ne sais pas vraiment pourquoi je ne les connaissais pas vraiment. Se détourner de ses croyances, de son peuple. Vous croyez que c'est une bonne chose ? Et puis, qui ne nous dis pas qu'elles sont parties raconter beaucoup d'histoires à notre sujet ?"

Cette histoire avait en effet fait beaucoup de bruit dans le village et c'était devenu un sujet tabou. Cependant, quiconque retrouvait les jeunes femmes avait pour ordre de les capturer afin qu'elles se fassent juger pour leurs actes.

"Je pars aussi en mission. J'ai déjà vu des menteurs, des hypocrites, des personnes mauvaises. Il m'est arrivé de me fourrer dans de sales situations. Non, on ne peut faire confiance à personne à part soi-même. Et puis la confiance se gagne, c'est une bataille quotidienne"

Inspirant un instant, Maelÿs porta la main à sa tête. Oui elle avait de l'honneur, un honneur de combattante mais seule elle pouvait le savoir.

"Vos paroles ne sont que de l'air et du vent. Elles ne valent rien pour moi. Ce que j'ai besoin, c'est des actes, des actions. Et encore..."

Soutenant son regard colérique sans sourciller, comprenant qu'elle venait de toucher une corde sensible du guerrier qui mettait en avant lui aussi l'honneur et la droiture, que ses paroles valaient beaucoup et qu'il était sûr de ce qu'il avançait. Mais les règles du jeu ne changeaient pas. Elle devait mener la danse. C'était elle le chef d'orchestre et lui le musicien, pas l'inverse.

Enfin, il donna des paroles très intéressantes laissant percevoir sa façon de penser des Sins ce qui plu à la jeune femme et l'apaisa un peu. Bien qu'elle n'avait pas rencontré ce type de ... choses, il fallait reconnaître qu'elle ne pensait pas des choses positives à leur égard.

"Je suis contente de vous l'entendre dire..."

Le voyant se rapprocher d'elle dangereusement, pour récupérer ses affaires, elle fit un léger bond en arrière pour garder ses distances de sécurité. Pas étonnant qu'on la surnomme la louve solitaire. Une amazone sauvage, n'acceptant aucun contact non désiré, une femme sûrement fait pour vivre seule jusqu'à la fin de ses jours car incapable de sortir de sa méfiance habituelle.

"Une chose à la fois..."

Il lui proposa de l'aide pour chasser. Encore une erreur car la jeune femme n'avait pas besoin d'aide, trop fière pour se laisser soutenir par une personne qu'elle ne connaissait pas. Jamais elle n'a accepter de la part des Ashtarus de l'accompagner à la chasse. Maelÿs était seule et cela lui était agréable. Un compagnon a toujours été un poids pour elle et elle ne se voit pas enchaînée à un boulet qui pourrait entraver ses mouvements.

"J'ai pas besoin d'aide pour chasser ! Et encore moins d'un bellâtre guerrier inconnu en culotte courte..."

Mais qu'elle était insolente cette Maelÿs ! Il lui fallait un homme avec beaucoup de patience pour subir ses colères et ses foudres. Peut être qu'un jour avec le temps elle finirait par changer. Mais pour l'instant ce n'était pas le cas. Alors, elle recula encore d'un pas et désigna la ceinture autour de sa taille.

"Je pense pas que vous en avez une quelconque utilité... Enfin... si vous la voulez vraiment il faudra venir la chercher !"

Sur ce, la jeune Ashtaru fit un bon en arrière puis après un demi-tour gracieux, s'élança dans la forêt. Elle voulait s'amuser un peu. Ah oui car cet homme la faisait rire, elle s'amusait de cette situation un peu comique qui mettait un peu de piquant dans sa journée. Pourtant, elle prit soin de bien vérifier que l'homme était toujours derrière elle avant d'avancer, et ainsi l'éloigner un peu plus de son village.

Maelÿs imaginait le jeune homme, marchant comme un pingouin, une main sur son pantalon en train de lui courir derrière. Pour un peu elle se serait mise à rire de l'infortune de ce guerrier.

Enfin, et sentant quand même que le poids de l'arme lui pesait, la jeune femme entreprit de grimper à un arbre bien choisi, peinant quand même avec cette arme qui pesait une tonne. Maelÿs se posa sur une branche bien solide, assise tranquillement et jouant avec un des poignards accroché à la ceinture et attendit que son adversaire la rejoigne au bas de l'arbre. Cela ne rappelle-t-il pas une certaine fable de La Fontaine ?

HS

Spoiler:

HS : tu t’es emballée dis donc ^^ c’est moi qui fais des pavés hein –‘ ?
Oh et j’applaudis pour la fable, jolie touche de triste ironie macabre et sadique… j’aime ^^’

Non, Ronan ne se croyait pas supérieur aux femmes.
Entre autres sans doute parce qu’il les trouvait admirable et capable de bien des prouesses dont les hommes eux sont incapables. Après tout… Bien plus que charmer les femmes, les hommes de sa carrure se servaient voilà tout. Oui les temps étaient durs, il en avait conscience. Pour l’énorme trou béant dans sa famille, le garçon en avait conscience. Mais voilà… les femmes c’était tout autre chose. Quand elles souhaitaient quelque chose certaines étaient tellement habiles qu’elles parvenaient à berner les hommes totalement, même à leur faire croire que c’étaient eux justement qui voulaient offrir tel ou tel présent, service aux demoiselles.

Pour avoir fait les frais de la manipulation féminine dans sa plus grande simplicité mais cruelle conséquence, Ronan se méfiait des femmes, en avait même un peu peur et honte et surtout… surtout il n’avait plus confiance en lui. Oh oui, celle-là avait fait des ravages dont il n’était pas près de se débarrasser.
Bref, lui ne méprisait pas les femmes, très loin de là même.

Mais bon, ce n’était pas le moment de se préoccuper de tout ça. Même s’il avait senti qu’il avait fait une légère bourde, laissant entendre d’une façon ou d’une autre que les femmes étaient inférieures, aux vues du regard colérique que lui avait lancé la belle jeune fille face à lui ; Ronan n’avait pas le loisir de s’en occuper pour l’instant.

Et en effet, sans que rien ne le présage, la jeune femme se mit à le faire comme qui dirait rapetisser sur place. Pourquoi ?
C’est vrai, pour le coup, il avait un peu oublié sa ceinture et le ridicule de la situation avait de quoi faire mourir de honte, à n’en pas douter. D’ailleurs, heureusement qu’elle ne riait pas, même s’il surprit son rictus et en fut d’autant plus rouge.
Et la suite fit qu’il se sentit encore pluuus petit et ridicule parce qu’elle lui fit une espèce de leçon de morale telle, n’ayant pas entendu ses paroles apparemment, qu’il se sentit plier les genoux. En fait c’est vrai qu’elle l’intimidait pas mal mais là, même simplement par les mots elle dominait largement la situation et lui se sentait bête mais bête !!!

Dans un sens, s’il avait eu sa ceinture, il n’aurait peut-être pas vécu ce sentiment avec tant d’intensité. C’était sa faute à elle, na voilà !
Il parvint à se reprendre un peu… mais en fait ses paroles n’aidaient pas à dire grand-chose.

- Oui… b… bien sûr… méfiance… sur ses gardes oui.. navré… je ne… ce n’est pas ce que je voulais dire.

Dans un sens il était sûr que la situation l’amusait bien plus que ce qu’elle montrait. La demoiselle n’avait peut-être pas l’habitude des timides qui plus est… c’est vrai que là comme il essayait de ne pas la froisser alors même qu’elle ne le menaçait plus et qu’il aurait très bien pu tenter de l’attaquer… faisait qu’il devait paraître bien original comme personnage. Mais ça, il s’en préoccuperait une autre fois.

Elle parla aussi de deux traîtresses et il se fit attentif. Mais n’ayant rien entendu de semblables durant ses voyages, il était certain de ne pas les avoir croisées.
Heureusement son commentaire sur les Sins parut arranger la situation, d’autant plus qu’il avait pris en assurance et balbutiait moins de ce fait. C’était toujours ça de pris.
Elle semblait satisfaite de ses paroles au moins et cette fois convaincue qu’il n’était pas un de ces « monstres ». Si elle avait su la vérité… il aurait passé un sale quart d’heure. La vérité était qu’il n’était même pas certain d’être un Sin justement puisque lui n’avait pas de pouvoir… se transformer en monstre… non ce n’était pas un pouvoir ça.

Malheureusement pour lui la situation se dégrada très nettement et pas en sa faveur.
En effet, la demoiselle, au très joli minois soit dit en passant, semblait d’humeur… cavalière et joueuse. Parce que si elle ne lui rendit pas sa ceinture, elle provoqua elle-même une espèce de jeu. N’en croyant pas ses oreilles, rouge de confusion face à cette nouvelle épreuve, il comprit, dans un état second, qu’en gros il allait devoir récupérer sa ceinture lui-même.

Et ça… ce n’était vraiment pas drôle pour lui.
Parce que non seulement il avait l’air bien ridicule à tenter de garder son pantalon sur lui, en plus de ça, elle avait apparemment compris qu’il était trop timide et mal à l’aise avec les femmes pour être réellement sérieux dans sa poursuite, qui plus est, il était désarmé. Mais encore et non des moindres, elle connaissait le coin contrairement à lui et savait se déplacer dans la forêt comme si c’était une part d’elle-même justement, cette nature.
Sans blague ?!!! Il luttait comment là ?

Poussant un grognement de frustration il tenta de s’emparer de sa ceinture d’un mouvement ample du bras mais déjà la jeune femme s’enfuyait semblant très amusée ELLE !!!!
Il commença à la suivre mais devoir garder une main plaquée contre lui pour éviter de perdre son pantalon ne lui facilitait en rien la poursuite. Il finit par s’arrêter, cette fois pris d’un agacement inqualifiable. Et sans que quoi que ce soit n’ait pu laisser présager son geste, il se débarrassa prestement de son pantalon mais également de sa tunique. Quitte à se retrouver à moitié dénudé autant que ce soit à son avantage voilà tout !

A présent qu’il n’était plus gêné et débarrassé en même temps que de ses vêtements de son calme et de sa pudeur, le jeune homme se lança à la poursuite de cette « chapardeuse ». Il la vit dans un arbre et bondit à découvert. Ah elle s’attendait à le voir boitiller de manière ridicule vers elle en tenant son pantalon ?! Très peu pour lui, le jeu avait assez duré. Et elle l’avait sous-estimé. Il était rapide, ses gênes de félin l’aidaient et plus encore, elle était chargée d’un sabre très lourd qui ralentissait considérablement sa progression. Alors elle n’allait pas lui échapper comme ça.

- Rendez-moi mes affaires à présent –‘ !!!!!

(HS : xD ça dépend des jours et des périodes, je pense pas faire plus long ^^)

Peut être que Maelÿs se sentait un peu mieux que d'habitude, loin des contraintes de son village, loin de la pression qui la forçait à devenir encore plus forte que les autres. Pour une journée, elle avait l'impression de redevenir la gamine du village qui avait besoin de temps en temps d'un peu de compagnie et d'une vie plus légère, sans se soucier du lendemain.

Pour le jeune homme, cela devait tout simplement être stupide, grotesque, ou encore très humiliant vu le comportement gêné et embarrassé qu'il avait montré jusqu'à présent. En effet, il n'y avait rien de plus gênant pour un homme que de devoir se balader un peu à gauche, la virilité en perdait un coup, ça c'était certain. Mais pour lui qui ne connaissait rien de la vie de Maelÿs ne pouvait pas comprendre cette attitude. Passant de la fille méfiante à la fille joueuse du tout au tout. On pouvait mettre ça sur le compte de la jeunesse, qui lui donnait un comportement instable de temps à autre.

Alors qu'elle attendait patiemment perchée sur son arbre une dague à la main, la jeune femme observa les alentours, guettant l'arrivée du jeune homme qui ne devait pas être loin. Mais la posture dans laquelle il allait apparaître la faisait jubiler à l'avance. Mais était-ce vraiment méchant, intentionnel ou seulement pour qu'il prouve sa volonté à venir chasser avec elle ?

*Il est passé où ce phénomène ?*

C'est alors que Maelÿs le vit bondir en avant juste en-dessous de l'arbre mais ce qui la frappa surtout, c'était de le voir en short, tel un Tarzan, un homme de la forêt. Elle haussa un instant les sourcils devant cet accoutrement et observa de manière très neutre le corps de cet homme qui n'avait plus du tout l'air gêné d'être aussi peu vêtu, ce qui contrastait avec son comportement de tout à l'heure. On pouvait dire que cette ceinture lui était vitale.

*Plutôt bien taillé le garçon... Je suis maintenant sûre que les filles ne résistent pas à un tel corps d'athlète. L'homme qui protège et défend, un gros nounours vers qui se réfugier quand ça va pas*

Cependant, Ronan pouvait constater que la guerrière ne le dévisageait pas avec malsain. Après tout, ce n'était pas une perverse. Son regard restait neutre, objectif, ne rougissant pas et ne se régalant pas de la vision qui s'offrait à elle. Non ce n'était pas du tout son genre de réagir de cette manière. Elle gardait certains principes bien à elle.

En ce qui concerne la rapidité de poursuite, Maelÿs avait justement fait exprès de ralentir sa course au maximum pour ne pas le perdre le pauvre garçon. Mais qui n'hésitait pas à accélérer sa cadence lorsqu'elle sentait que son adversaire se rapprochait dangereusement de lui. Elle ne s'étonna pas de le voir arriver. Enfin si juste un peu. Maelÿs pensait qu'avec un pantalon handicapant, il mettrait un peu plus de temps à se rendre à cet endroit et ça elle l'avait sous-estimé.

*Si il avait toutes ses capacités, il serait difficile de le distancer. Il faut quand même que je reste attentive...*

Par contre, le jeune homme aurait bien pu remarqué qu'elle ne tenait pas son arc en joue, ce qui était déjà, une petite marque de confiance, elle qui ne jurait que par les armes levées et tendues. Même si Maelÿs ne le reconnaitrait jamais, il fallait se rendre à l'évidence qu'elle avait fait un petit effort sur ce point là.

Les paroles de l'homme étaient pressées, impatientes, comme quoi le petit jeu avait assez duré alors qu'il venait à peine de commencer, ce qui choqua la jeune femme devant ce comportement si impulsif lorsque le poison avait finit de faire son effet.

*Je me suis peut être trompée à son sujet. Enfin je le connais pas plus que ça !*

Maelÿs se redressa sur son arbre, fixant du regard le jeune homme en bas qui attendait d'un pas ferme qu'on lui redonne ses biens. Ce qu'elle n'avait pas l'intention de faire de suite.

"A quoi vous servirais une ceinture maintenant que vous avez laisser vos vêtements au loin ? J'espère que vous avez vérifié votre route avant de me suivre..."

C'était juste, la forêt était quand même un vrai labyrinthe et si on ne faisait pas attention à sa progression, il était difficile de revenir en arrière car toute la végétation se ressemblait.

Elle lança alors un soupir, ne sachant que répondre de plus. Après tout c'est lui qui était responsable et il était dans son terrain de jeu et de chasse à elle. Maelÿs réfléchit aux possibilités qui lui restait. La jeune guerrière pouvait un peu prolongé le jeu pour continuer de tester ses capacités et voir à qui elle avait affaire ou de se rendre docilement. En tout cas, la deuxième possibilité ne l'enchantait guère.

*Ah mais attends... il veut que je lui rende toutes ces affaires ?*

Encore les provisions, la ceinture, elle comprenait mais hors de question qu'il reprenne ses armes pour le moment. Et puis quoi encore ?

"Je veux bien vous rendre votre ceinture et objets pacifiques, en revanche pour les armes il faudra attendre la sortie du bois. C'est déjà un énorme effort que je fais de vous laisser libre de vos mouvements. J'aurais pu très bien vous ligoter et entravé encore plus et vous faire rouler jusqu'à la sortie. C'est la seule exigence que je donne."

Autant poser les règles du jeu dès le départ. Sur ce, elle prit son sac de voyage ainsi que sa petite bourse que la jeune femme lui lança du haut de son arbre pour montrer ses bonnes intentions. Mais Maelÿs conserva quand même la ceinture ainsi que l'arme.

*Au moins, c'est du poids en moins. Avec cette arme très lourde, je dois m'économiser*

Sur ce, elle attrapa une liane qui pendait le long de l'arbre et se balança jusqu'à l'arbre suivant, se servant du mouvement de balancier pour se déplacer beaucoup plus rapidement. L'homme étant libre de ses mouvements et rapide, elle voulait voir jusqu'à quel point il était capable de la suivre.

Pourtant, l'arme se faisait sentir sur son dos. Ses cheveux blonds dansaient autour d'elle bercés par le vent alors que la jeune guerrière attrapa une autre liane. Malheureusement pour Maelÿs, celle-ci devait être pourrie car elle se brisa sous son poids et celui de l'arme, l'entraînant vers une chute plutôt impressionnante.

Oui effectivement, la jeune femme passait pour bien mystérieuse, c'était le cas de le dire.
Très étrange. En effet, si à un moment elle s'était présentée comme excessivement méfiante (ou peut-être juste ce qu'il fallait, après tout, de leurs jours la méfiance faisait la différence entre ceux qui mourraient jeunes et ceux qui survivaient), l'instant d'après, c'était une espèce de tigresse joueuse qui se présentait devant lui... ou plutôt lui tournait le dos et s'enfuyait.
Mais qu'est ce que... que... que...

Son cerveau était resté un instant bloqué là dessus. Mais à quoi donc jouait-elle ?
Etait-ce vraiment un jeu d'ailleurs ou un test ?
Pourquoi le provoquait-elle ? L'instant d'avant elle le prenait de haut (bon c'était aussi un peu parce qu'il était assis par terre donc que forcément elle était plus grande que lui mais bon !!!), lui mettant les points sur les "i" en montrant sa haine des Sins, son aversion pour les hommes et à présent elle voulait jouer. Tout de même, il y avait de quoi être surpris, non ? Lui l'était en tous les cas et c'est pourquoi Ronan eut ce temps d'arrêt.

Si il avait été long à se mettre en route, risquant de se prendre les pieds dans son pantalon, Ronan avait fini par trouver une méthode des plus radicales et pratiques. Pourquoi ne pas tout enlever après tout, enfin presque tout, au moins il serait plus à l'aise. Après tout, les longs entraînements des jeunes dans son village se faisaient ainsi dans le froid pour les entraîner à la résistance. Il était parfaitement à l’aise… s’il oubliait sa timidité et le fait que c’était une jeune femme qu’il allait poursuivre dans cette tenue et non un ours. Moui… pas simple quand même.

Mais bon il se lança bravement à sa poursuite et apparemment la demoiselle était surprise de le voir ainsi. Ah ! Voilà ! Enfin un bon point pour lui !
Néanmoins elle le fit rapidement déchanter en lui faisant remarquer que la forêt était un labyrinthe et qu’il n’avait que peu de chance de retrouver ses affaires s’il ne s’était pas bien repéré. Même s’il avait un très bon sens de l’orientation et pensait avoir noté suffisamment de détails dans son esprit, elle fit naître un doute en lui. Aie… euh… finalement la victoire avait été de bien courte durée. Elle avait sans doute raison.

Sauf que s’il le disait maintenant il aurait l’air ridicule… enfin plus qu’il n’en avait déjà eu l’air alors tant pis pour le temps perdu, il essaierait de les retrouver tout seul plutôt que d’avouer dès maintenant sa faiblesse.
Même si elle semblait amusée par la situation, la jeune femme, plus généreuse que ce qu’il attendait accepta de lui rendre ses affaires avant de faire un sourire qui ne présageait rien de bon.

Et en effet, elle lui rendit des affaires, mais pas sa ceinture, ni son sabre, que des affaires qui pour l’heure lui étaient d’une grande, immense… inutilité. Il lâcha un grognement de frustration. D’accord sur ce coup là encore elle l’avait eu ! Et pas qu’un peu. Parce que si auparavant elle l’avait un peu berné, piégé, fait rougir et autres, là… elle l’avait simplement bluffé et il n’avait rien vu venir. Alors même qu’il tendait le bras pour essayer de saisir une de ses chevilles, elle s’éloignait souplement de quelques centimètres.

- Eyh !Ca suffit ! Vous voyez bien que je ne vous veux aucun mal ! Rendez-moi ma ceinture ! Comment voulez-vous que je me rhabille autrement ?!

Bon effectivement elle n’avait pas semblé se pâmer devant lui quand il était apparu si peu vêtu. Mais en même temps ce n’était pas du tout ce qu’il attendait. Lui avait juste vu le chemin le plus court vers le pratique. Avec une main de prise pour maintenir son pantalon, il pourrait bien moins la rattraper si besoin était, autant mettre à bas la pudeur immédiatement et plutôt que de se balader simplement les jambes à l’air, il avait choisi de mettre en avant sa seule fierté, son torse solide qu’il continuait d’entraîner chaque jour.
En tous les cas, là, elle s’était remise en route, faisant fi de ses protestations. Pour un peu, s’il n’avait pas été si frustré, sans doute l’aurait-il admiré et aurait-il été amusé. Oui sans doute. Parce que tout de même, elle avait une sacré maîtrise de son propre corps. Avant d’avoir pu comprendre quoi que ce soit, elle s’élançait de l’arbre. Pendant une seconde il crut qu’elle était folle mais avec une agilité remarquable, la jeune femme se rétablit, se balançant grâce à une liane.

S’il avait voulu escalader l’arbre pour venir la bloquer, Ronan se retrouva soudain très idiot au sol, les mains agrippées à deux branches dont il comptait se servir comme appuis pour grimper.
Mais passé la surprise et la pointe d’admiration (encore, décidément cette fille avait la fâcheuse tendance à le surprendre… en bien… elle était sacrément entraînée quand même !), il la vit tenter d’attraper une nouvelle liane et celle-ci se briser net !

Bien sûr, le poids du sabre du garçon était important. En général, les guerriers se battaient avec des armes légères pour avoir une grande amplitude de mouvement, mais son choix avait un sens. Une arme trop légère n’était souvent pas assez solide pour supporter ses coups répétés pendant ses entraînements, sur des boucliers ou une quelconque résistance. Or il n’allait pas voyager avec trente-six mille sabres sur lui. Donc certes il était plus lourd et le maîtriser avait demandé beaucoup de temps et de patience, mais au moins, il était sûr de son arme.

Bref… ce sabre était lourd et ajoutait du poids à la jeune femme pourtant agile. Aussi la liane sans doute pas bien solide se rompit-elle.
Ronan ne réfléchit même pas. Si l’instant d’avant il était en train de se tenir bêtement à son arbre en la regardant lui échapper, l’instant d’après, rompu par les sprints des entraînements, il était sous elle et la rattrapait, ployant légèrement les genoux et les bras sous la violence de la chute qui lui avait fait prendre de la vitesse, mais il la rattrapait.

Ah non, il n’avait pas réfléchi… Puisque sans doute aurait-il pu la laisser se blesser, parce que même en se rétablissant, tomber de cette hauteur lui aurait largement blessé les genoux et étourdie une seconde, bien assez pour la maîtriser. Mais non de toute façon, il ne pensait pas comme ça. Le jeune homme qui finalement avait fini à terre parce qu’avec l’élan qu’il avait pris pour la rattraper puis l’énergie de la chute s’était retrouvé déséquilibré eut un sourire de par terre.

- On dirait que voler… c’est pas encore au point.

Une vraie guerrière de la forêt. C'était sa véritable nature. Evoluant sur son terrain de jeu qui était énorme, c'est grâce à toutes ses nombreuses balades, sa familiarisation avec le terrain, ses courses répétées dans la forêt qu'elle avait pu devenir ce qu'elle était. Imbattable sur son terrain et encore moins par un étranger venu de nulle part. C'était peut être pour cela qu'elle se sentait si à l'aise dans cet environnement verdoyant, oubliant le reste du monde et des choses.

*C'est mon territoire, je suis ici chez moi*

D'ailleurs elle n'arrivait pas à comprendre le choix de l'arme du guerrier. Un sabre solide, lourd, et sûrement très difficile à manier, ça elle en était certaine. Généralement on choisit des armes souples, agréables à prendre en main et permettant un déplacement rapide et efficace. C'était aussi un choix de précision. L'arme de Maelÿs était elle aussi bien originale. Forgée à partir de matériaux provenant de terres lointaines, il s'agissait d'un cadeau du forgeron de son village qui avait mis tout son coeur à l'ouvrage pour confectionner une arme aussi tranchante que résistante. Le savoir des Ashtarus, capables de fabriquer des choses magnifiques et hors technologie avec peu de moyens.

La première arme de la jeune femme. Une partie d'elle même. Son moyen de défense, de protection, sa seule amie et confidente. Curieux d'affectionner son arme. Mais il vaut mieux l'apprécier et s'harmoniser avec que la repousser. C'était ça le secret de la jeune femme. Ne faire qu'un avec son arme. C'était son âme de guerrière bien trempée qui parlait. Pourtant, cette arme que possédait l'inconnu pesait sur son dos et ses épaules. Elle avait beau être fortement entraînée, paraître insensible, les forces finissaient par disparaître petit à petit mais si la jeune femme continuait de lutter ardemment.

De plus, lorsqu'elle observait le jeune homme qui s'agitait dans tous les sens pour tenter de la bloquer d'un moyen ou d'un autre, Maelÿs avait l'impression de retrouver un peu son âme d'enfant pendant un très bref instant mais la guerrière n'oubliait pas d'observer ses faits et gestes, de voir sa façon d'agir et de réagir, de la manière qu'il essayait de se suspendre pour essayer de la bloquer.

*Il est vif... agile... à la loyale je ne suis pas sûre d'être encore au point*

Cela la frustrait. Rencontrer un adversaire à sa hauteur et qui serait capable de la battre. Car oui la jeune femme n'était pas naïve à ce point. Elle admirait cet homme et ce test qu'elle était en train de lui faire subir malgré lui montrait à quel point il ne serait pas évident à battre. Cependant, elle aurait préféré l'avoir comme allié pour s'entraîner qu'adversaire. On apprend encore mieux avec les plus forts, c'est comme cela que l'on progresse. Pour devenir la meilleure, il fallait combattre les meilleures.

Ce qu'elle faisait pour l'instant, c'était juste de l'observation. Bien sûr qu'elle admirait les mouvements du jeune homme, des mouvements fluides et maîtrisés mais ça elle était bien trop fière pour le reconnaître. Son expression restait neutre mais au fond d'elle, la jeune Maelÿs bouillonnait. Il fallait qu'elle le batte. Sa fierté de guerrière était en jeu. Et puis, cela était un bon défi. Mais elle se voyait très mal tenter de se battre contre lui maintenant. Peut être que c'était à cause de son côté de mauvaise perdante, incapable d'accepter une défaite et se battant jusqu'à son dernier souffle.

*C'est l'adversaire idéal ! Y a pas moyen, il faut que je le batte... Mais aujourd'hui c'est trop tôt. Je ne pense pas être à la hauteur*

Alors elle se contenta de danser au bout de ses lianes, telle une féline qui se mouvait avec grâce et agilité. Est ce que cela impressionnait le guerrier ? Elle ne pouvait pas le lire sur son visage mais après tout, pourquoi s'en soucier ?

Pourtant, la danse ne pouvait pas durer éternellement et toute chose avait une fin. En empruntant une dernière liane en commençant à se balancer, celle-ci se rompit sous son poids et la chute fut vertigineuse. Mais la guerrière n'avait pas peur, cela faisait parti des risques et ce n'est pas la première fois qu'elle brisait une liane. Cette fois cependant, c'était assez humiliant de tomber face à un guerrier en perdant ses moyens. La jeune femme était prête à se réceptionner sur ses deux jambes comme elle en avait l'habitude, mais ce que notre Jane des forêts avait oublié le court d'un instant, c'était cette lourde épée qui pouvait lui donner un très mauvais impact sur le sol, et même broyé ses os.

N'ayant pas cette pensée, elle se préparait à une réception contrôlée et maîtrisée, n'ayant pas peur de la chute. L'adrénaline, l'absence de peur. La fierté face à son ennemi. Et même si elle se brisait les jambes, la jeune fille refusait d'admettre la vérité. Elle aurait continuer de ramper plutôt que de passer pour une handicapé aux yeux de son adversaire. Des coups elle en avait reçu et ce n'était sûrement pas la dernière fois.

On peut penser à beaucoup de choses au cours d'une chute, comme si le temps se ralentissait et durait une éternité. Mais Maelÿs n'eut pas le temps de penser à beaucoup de choses car déjà l'homme se tenait en dessous prêt à la réceptionner.

*Qu'est ce que...*

Ecarquillant les yeux par ce geste des plus étranges pour elle, la jeune fille atterrit directement dans les bras du guerrier, qui sous le coup de cette chute si forte par le poids de Maelÿs et de son sabre à lui, l'avait entraîné dans sa chute. Tous les deux à terre, la jeune guerrière était sous le choc, bien qu'elle ne voulait pas l'admettre.

*Pourquoi il a fait ça ? Ce n'était pas... nécessaire...*

Elle comprit mieux en sentant à nouveau le poids de l'arme qui se faisait sentir. Une chute comme celle là lui aurait broyé les muscles et les os des jambes, l'handicapant encore plus que d'habitude. Le souffle court, elle le regarda un instant. Le jeune homme n'avait pas perdu le sourire et se permit même une petite phrase pour détendre l'atmosphère.

Une autre fille aurait été ravi de se retrouver dans ces bras musclés et il fallait bien reconnaître que pour la première fois depuis le début Maelÿs était troublée, par ce geste, ce sauvetage inattendu qui n'était pas habituel pour elle. Alors une autre fille aurait juste balancé un merci mais la jeune guerrière ne souffla pas un mot.

Reprenant ses esprits, elle se redressa la tête puis agilement s'écarte des bras du jeune homme.

"Eyh ! "

*Bon d'accord, je dois reconnaître qu'il m'a sauvé. Il n'était pas obligé mais il l'a fait. Je pense qu'il s'agit d'une preuve suffisante pour l'instant.*

Pourtant, jamais Maelÿs ne lui ferait reconnaître directement. Elle souffla un coup puis réajusta ses couettes dans ses cheveux blonds et se dépoussiera sa tunique.

"J'aurais très bien pu me réceptionner toute seule ! C'est pas la première fois que je fais ça !"

Voilà ses remerciements à elle. Gênée, Maelÿs s'éclaircit un instant la voix, fixa un instant les arbres et ferma les yeux pour mieux se calmer et reprendre un rythme de respiration normale. Elle ne savait pas exactement ce qui l'avait poussé à agir ainsi, à ce jeu. Peut être que la forêt avait un effet bénéfique sur elle. Et puis, c'était quand même rare qu'elle se retrouve au même endroit qu'un individu. Sur ce coup, il avait gagné. Elle pouvait au moins le reconnaître, pour une guerrière qui avait un grand sens de l'honneur malgré son sale caractère.

"Très bien sur ce coup vous l'avez mérité votre ceinture !"

Elle la dégrafa de sa taille et lui jeta à la figure assez brusquement. Et une victoire supplémentaire pour le guerrier une. Il pouvait considérer ça comme un merci ou comme la fin du petit amusement. Alors elle se permit de retrouver une expression sérieuse et neutre tout en fixant le décor.

"Je maintiens par contre ce que j'ai dis pour les armes. De plus si nous croisons des chasseurs Ashtarus, il vaut mieux que vous soyez désarmé. Surtout avec moi !"

Elle se cacha de dire que les chasseurs n'allaient pas dans cette partie de la forêt puisque chacun avait son propre territoire de chasse. Mais il n'était pas impossible qu'un passe par ici. Et ça elle le savait aussi.

Se frottant les mains, elle regarda de nouveau le guerrier droit dans les yeux.

"Bon, vous me suivez ?"

Le petit jeu était terminé, toute trace d'amusement avait disparu du visage de la jeune femme.

Il devait la rattraper, ce n’était même pas un truc auquel on pouvait réfléchir. Une des raisons de son existence se présenter devant lui.
Ronan avait cherché à devenir un guerrier. Plus encore, il l’avait souhaité au plus profond de sa chair. C’était pour cette raison qu’il n’avait jamais abandonné, même quand l’entraînement devenait d’une cruauté sans pareille. Parce que ses aînés avaient cerné ses capacités, ses maîtres avaient compris qu’il pouvait aller plus loin. Que ce soit grâce à son don, sa volonté de fer ou parce qu’il n’avait rien à perdre et voulait rendre à ces gens tout ce qu’ils lui avaient offert, en tous les cas il était capable de supporter tout cela.

En tous les cas, le jeune homme avait souhaité devenir assez fort pour protéger ceux qu’il considérait comme sa famille. Alors il était devenu un guerrier, un protecteur… Il ne protégeait pas que les femmes bien sûr, mais tous ceux qui avaient besoin d’aide. Seulement il s’était fait des promesses, avait suivi avec ses camarades un code d’honneur tel celui des chevaliers idéalisés il y a bien longtemps… Protéger son prochain, prêter son bras à tous ceux dans le besoin que ce soit pour repousser des attaques ou aider un enfant à descendre d’un arbre trop haut. Les femmes plus encore…

Parce que ce monde était devenu horrible pour elles.
Il avait fixé Maelÿs avec admiration car jusqu’alors il n’avait jamais croisé de femme aussi douée et indépendante. Certes il avait rencontré d’excellentes archères mais même pleines d’expériences, elles n’avaient pas la maîtrise déjà impressionnante de cette fille pourtant jeune. Elle progresserait certainement encore beaucoup si elle s’entraînait.
Il avait eu l’habitude d’aider parce que malheureusement, en règle générale, les femmes étaient plus faibles physiquement. Elles pouvaient être plus rapides car les hommes étaient souvent plus imposants et lourds mais en terme de puissance brute, bien malheureusement ils dominaient.
Ronan avait profondément honte de ses congénères masculins. Pour leur dédain de la femme, pour ceux qui se croyaient supérieurs à elles… qui leur faisaient du mal. Oui… une femme seule n’avait que peu de chance de se débrouiller vraiment, du moins sans se faire agresser. S’il pouvait aider, arrêter des crétins malpropres, c’était tant mieux. Même si après il prenait bien souvent la poudre d’escampette pour éviter d’avoir à leur adresser la parole.
Elle… elle était très différente. Elle savait se débrouiller seule, elle était forte, impressionnante.

Alors non, il n’avait pas réfléchi, il avait juste agi et il n’y avait pas besoin d’explication ou d’excuse pour cela. S’il parvint à la rattraper, Ronan flancha sous la violence de l’impact, surtout que le fourreau de son sabre avait durement heurté un de ses poignets et que la douleur lui avait engourdi le bras. En tous les cas ils se retrouvèrent tous les deux dans une bien drôle de situation au sol et il parvint à lui sourire et à sortir une phrase un peu bête certes mais preuve aussi qu’il avait eu une certaine frousse non avouable.
La jeune fille semblait surprise, vraiment surprise même par son geste et son sourire se fit plus timide alors qu’il rougissait de nouveau.

- Désolé…

Elle s’était vite dégagée… Qu’elle se rassure c’était lui le plus gêné dans cette situation. Il hocha simplement la tête à ses paroles, se contentant de fixer le sol. Après tout, il aurait pu en profiter pour tenter de la maîtriser et reprendre ses armes mais… euh… fallait déjà le laisser se remettre un peu hein ?!

- Oui… oui bien sûr… vous auriez pu… c’est… c’est juste que mon arme est lourde. Ahhh je dis pas que vous ne pouvez pas la portez hein !!! C’est… c’est juste… que la sangle est adaptée pour mon dos… pas…pas le vôtre alors… c’était… risqué et… elle aurait pu vous faire perdre l’équilibre et… enfin je suis sûr que vous auriez réussi quand même hein mais je… je vais me taire ça vaut mieux.

Il venait de marmonner ces derniers mots en baissant piteusement la tête, mais la surprise fut de taille quand elle lui rendit sa ceinture. Apparemment elle était reconnaissante pour son intervention. Il soupira de soulagement de ne pas avoir à bafouiller de nouvelles inepties et récupéra son bien. Bon elle avait tout de même ôté presque tous les poignards, lui en laissant un seulement, pour les mettre à sa propre ceinture mais c’était déjà bien. Sans prévenir, il se releva d’un bond et s’éloigna rapidement pour aller chercher ses vêtements et s’habiller. A voir le soulagement sur son visage, il n’était pas si à l’aise que ça dans cette tenue.

L’instant d’après, il se redressait, l’air en effet bien plus détendu et lui sourait.
C’était presque comme si elle ne l’avait pas menacé ni n’avait chipé ses affaires sans qu’il ne puisse rien y faire. Bizarrement peut-être il voulait en savoir plus sur cet endroit et cette Ashtaru un peu bizarre mais dans un sens… amusante.

- Je vous suis damoiselle !

Maelÿs reconnut que cette petite excursion était tout à fait différente de sa vie quotidienne. D'habitude, elle traquait ses proies, récupérait son gibier, et retournait chez elle. Telle était sa routine. Parfois, elle s'arrêtait en chemin dans la forêt, se posant près d'un petit cours d'eau afin d'avoir l'occasion de souffler un peu et se laisser bercer par la nature, hostile mais familière. Il lui arrivait aussi de faire son entraînement directement dans la forêt, car c'était un environnement facile à contrôler.

Les hommes de son village avaient beau être des rustres, il y en avait toujours des plus attentionnés. Après tout le monde est fait d'une multitude de gens différents, bons ou mauvais. Et puis de toute façon, Maelÿs ne se serait jamais lancé dans l'art du combat si elle n'avait pas eu quelques exemples qu'elle admirait au départ. Oui, il y avait des personnes bonnes et mauvaises. Mais après avoir été à l'écart pendant tant d'années, Maelÿs ne s'étonnait pas. Il s'agissait d'un choix personnel et elle ne pouvait pas ignorer que ces autres personnes étaient simplement dures avec elles-mêmes.

Le monde est impitoyable et cruel.

Alors dans ses souvenirs, la jeune fille se rappela du forgeron qui lui avait remis son arme en présent et auquel elle ne pouvait exprimer que sa gratitude. Ici une autre femme qui lui avait donné de quoi se désaltérer pendant ses longs entraînements, encore plus loin un guerrier fort et robuste qui ne semblait pas impressionné par sa danse et qui restait de marbre. Cela lui avait permis de repousser ses limites. Les choix que l'on fait forgent le caractère de demain. Enfin, c'était ainsi.

Alors qu'elle s'écartait de lui, le jeune homme paraissait gêné. Mais au fait, comment s'appelait-il ? Un adversaire ou un allié ? Deux combattants appelés sûrement à se battre pour leurs convictions et leurs choix. Car oui elle aurait bien voulu mettre un nom sur le visage de cet homme si puissant et impressionnant, afin de pouvoir l'appeler si elle devait le recroiser à nouveau. Peut être qu'aujourd'hui la guerrière avait beaucoup plus à y gagner que ce qu'elle ne pensait. Que le fait de fréquenter cet homme le temps d'une journée lui apprendrait et lui ferait reconnaître des choses, bien que dans tous les cas, elle resterait neutre et posée en apparence.

Encore en train de balbutier des réponses pour s'excuser, pour s'exprimer et se faire pardonner. Mais cela ne faisait qu'enfoncer les choses. En effet, la sangle n'était pas très pratique pour son dos fin et agile mais pas question de laisser paraître la moindre douleur. C'était elle qui voulait maîtriser les choses et en aucun cas le contraire.

"Oui, il vaudrait mieux, ces paroles ne sont pas vraiment utiles"

Alors qu'elle le regardait pendant qu'il déclarait qu'il la suivait, une autre chose lui vint à l'esprit. Maelÿs se rappelait de la blessure qu'elle lui avait faite à sa main et malgré que ce soit une personne fière et se souciant peu de l'état général de ses compagnons de fortune ou d'infortune, la jeune fille décida au moins de faire quelque chose.

*Personne me voit personne ne m'entends. Il a une sacré chance le Monsieur ! C'est rare quand je m'occupe de ce genre de choses. Bon après tout, un bien pour un bien on dit hein. Eeeeet je le fais pas pour son physique ! Que l'on soit bien d'accord.*

C'est alors qu'elle fouilla dans son sac pour en sortir une autre fiole d'un liquide aux reflets violets que la jeune guerrière examina attentivement. Sans attendre de réaction ou de réponse de son interlocuteur, qui devait soit penser qu'elle préparait un truc pas net ou tout simplement qu'il ne se doutait de rien du tout, Maelÿs prit quelques feuilles et longues herbes plates qui étaient autour d'eux. Elle posa la feuille dans la paume de sa main, enleva le bouchon de la fiole avec ses dents, et versa un peu de contenu dessus. Puis toujours de ce geste habile, elle referma la fiole et la remis dans son sac en s'approchant du guerrier, aucune expression sur son visage.

Maelÿs empoigna fermement sa main blessée, la tendit en avant, et posa la feuille dessus. La sensation n'était pas très agréable et il s'agissait de la même sensation qu'une brûlure, et la jeune femme femme observa la réaction du guerrier. Puis rapidement et sûrement, elle prit ses herbes plates et confectionna un bandage improvisé pour que la feuille tienne en place et ne bouge pas. C'était impressionnant ce que savait faire un Ashtaru et cela sans pouvoir ni technologie. Une culture bien à eux mais qui avait son charme.

"Cadeau !" fut son unique mot alors qu'elle désignait le bandage improvisé.

"Je vous ai simplement posé un extrait de plante capable de cicatriser une blessure plus rapidement. La douleur n'est pas agréable mais c'est rien comparé à l'entraînement du guerrier"

Curieuse fille que voilà. Un coup elle était à deux doigts d'embrocher le jeune homme au bout de sa flèche et voilà qu'elle réparait son geste. Il ne s'agissait pas d'un élan d'affection ou de quoi que ce soit car la guerrière était toujours aussi désintéressée. Après tout ce n'était qu'un bellâtre qui se baladait devant les filles en exposant un corps qu'il a choisi d'avoir. Mais après tout ça, il n'était pas spécialement hostile. Cela lui changeait de sa route solitaire.

Après ce geste ô combien magnanime, touchant, ou on pouvait interpréter ça de n'importe quelle façon, Maelÿs observa les alentours et fit parler ses sens pour se remettre en chasse. Fermant doucement les yeux, elle se laissa guider par l'odeur naturelle du gibier, des bruits de la nature. Enfin la jeune femme calme arrêta sa petite inspection puis se mit en position discrète tout en faisant un signe à son "coéquipier" de la suivre.

Aujourd'hui aussi pour lui, il allait apprendre un peu du savoir des Ashtarus, lui ouvrant les yeux sur certaines choses qui ne sont pas si mauvaises que ça. L'expérience ne pouvait être qu'enrichissante dans les deux sens.

Alors Maelÿs se mit en traque, humant les odeurs tout en avançant à pas de loup, se déplaçant de buisson en buisson d'une allure simple et discrète, regardant le jeune garçon qui lui suivait et lui donnait des petits coups sur la tête quand elle sentait qu'il devenait trop bruyant.

"Vous voulez les faire fuir encore ou pas ? Un chasseur doit être silencieux, ne faire qu'un avec son environnement, être le buisson, l'arbre ou l'herbe. Il ne doit pas se contenter d'avancer, il doit être l'environnement"

Une sorte d'enseignement qui ne pouvait qu'être bénéfique alors qu'elle se remit en route.

Une heure après avoir suivi et détecté les traces, les pistes, changer plusieurs fois de direction, ils arrivèrent face à un troupeau de cerfs et de biches qui broutaient paisiblement. Les deux "chasseurs" avaient été assez silencieux pour ne pas se faire remarquer. Concentrée, Maelÿs, sortit son arc et dégaina une flèche.

"Voilà maintenant la dernière étape de la traque... l'offensive" murmura-t-elle doucement.

"Ici on a le choix de la proie. Quel cerf faut-il viser ? Le plus vieux car même si sa viande est plus rude que les autres, on prend moins de temps sur sa vie que sur celle des autres"

Un choix personnel pour elle. Alors que parfois Maelÿs devait se contenter de sa proie sous son nez, lorsqu'elle en avait l'occasion il lui arrivait de sélectionner sa proie pour abréger sa vie qui était longue. Des gestes nécessaires pour la survie de son peuple.

La flèche en joue, tout était calme. Elle attendait de voir si son "coéquipier" allait faire ou dire quelque chose. Il avait peut être des méthodes plus... barbares pour la chasse.

Oui il l’avait rattrapée !
Et alors ?! Y avait t-il besoin de s’étendre sur le sujet ? Non, non et renon !
Voilà, na ! Il avait agi selon ses croyances, ses règles et si ça ne plaisait pas eh bien tant pis parce que c’était fait et que de toute façon, il ne pouvait pas revenir en arrière, si ?
En tous les cas, oui c’était fait. Ronan n’avait pas réfléchi et de toute façon, s’il l’avait fait, son geste aurait-il été différent ? Non, pas le moins du monde, il aurait agi de la même manière, se fichant de se blesser, de connaître ses foudres par la suite. Il devait faire ça, c’était tout. Peut-être qu’elle le comprendrait, peut-être que non, il s’en fichait.

En tous les cas, ses explications étaient confuses, il le savait. Surtout que même en baissant obstinément les yeux sur le sol, le jeune homme savait qu’il était observé et bizarrement le regard intense de cette fille le mettait plutôt mal à l’aise.
Alors oui, elle l’interrompit un peu sèchement mais dans le fond il lui en était reconnaissant. Il s’enfonçait, autant y mettre fin au plus tôt.
Elle le fit pour lui, heureusement, parce qu’il aurait pu continuer encore longtemps et le jeune homme put relever les yeux avec soulagement.

Alors qu’il se rhabillait rapidement et sanglait avec soulagement sa ceinture, heureux de retrouver cette possession plutôt importante pour son ego et sa pudeur, le jeune homme ne fit pas attention aux regards que lui portait la guerrière Ashtaru. En fait pour sa part, il était en train de réfléchir donc forcément ne se retrouvait pas très attentif. S’il n’était pas spécialement sur ses gardes c’est parce qu’au fond si elle ne l’avait pas tué avant, si elle avait joué cet étrange jeu/ test avec lui, ce n’était pas maintenant qu’elle allait le tuer, si ?

Alors non, il ne craignait pas pour sa vie à cet instant, baisser la garde n’avait rien donc de grave. Il réfléchissait à la façon dont elle s’était élancée avec aise dans le vide, sans peur, sans hésitation, malgré le poids de son sabre. Cette jeune femme était sacrément courageuse, habile et entraînée, il en était certain. Même s’il n’avait que très rarement douté de sa propre force, Ronan savait reconnaître un combattant, un bon du moins, quand celui-ci se présentait devant lui et il était certain que cette Ashtaru pouvait être une redoutable adversaire.

Pour un peu, il aurait aimé la voir combattre. Mais pas contre lui bien entendu, il n’était pas capable de violence envers une femme alors sans doute ne serait-il pas en mesure de combattre réellement contre elle. Et surtout, il se retiendrait, elle s’en apercevrait et le prendrait très mal vu son caractère. Il secoua légèrement la tête, pourquoi pensait-il à ça ? Où avait-il vu qu’ils allaient se battre, qu’il y avait juste la possibilité pour que cela arrive amicalement ? Elle ne savait même pas qu’il était un Sin, enfin s’il en était bien un.
En réalité lui-même n’était plus très sûr. Après tout ce tatouage cachait-il vraiment le signe des Sins ? Il ne se souvenait plus, trop jeune quand on le lui avait fait pour s’en rappeler.

Bref, il ne vit pas son manège avec la fiole violette. Enfin si, mais juste du coin de l’œil et sans vraiment y prendre garde. Non, il ne se sentait pas menacé. Cette fille, aussi combattive qu’elle soit avait le sens de l’honneur, il en était certain, elle ne l’attaquerait pas dans le dos, surtout qu’elle avait ses armes alors il n’y avait pas vraiment de risque. Par contre quand il se redressa totalement et qu’elle vint vers lui avec une large feuille et d’autres plus fines à la main, il ne comprit pas tout de suite et retint difficilement un mouvement de recul de prudence.

Hein ? Elle voulait le soigner ? A quel jeu dangereux, diable, cette fille jouait-elle ? Lui qui pensait avoir réussi à la cerner, voilà qu’elle repoussait les limites.
Comme elle le fixait, il prit sur lui et sa mâchoire ne se crispa que légèrement sous la brûlure de la potion alors qu’il avait juste envie de se mettre à sautiller ridiculement sur place pour faire passer la douleur. Mais pas devant une demoiselle ! Il était censé être un solide guerrier, non ?
Il l’observa à son tour alors qu’elle faisait le bandage.

C’était, décidément, une très jolie fille. Aucun doute qu’elle devait avoir de nombreux soupirants malgré son sale caractère. Et elle avait de magnifiques cheveux, il parlait en connaisseur, après tout, lui-même n’était-il pas blond ?
Elle aurait plu à bien des hommes, pas que physiquement d’ailleurs. Certains… beaucoup aujourd’hui, aimaient les femmes soumises mais d’autres les préféraient revêches. Elle serait parfaitement au goût de l’un de ses amis (un peu sado maso sur les bords sans doute), c’est ce qu’il pensa avec un sourire.

- Merci…

Reconnaissant envers son geste qui ne semblait pas habituel et était certainement une forme de confiance bien plus importante que ce qu’il pouvait seulement imaginer, il lui fit un beau sourire.
Déjà la douleur refluait. Et de ce qu’on lui avait dit sur les incroyables connaissances des plantes des Ashtarus, il y avait de fortes chances pour que sa main guérisse très vite.
Par la suite, elle l’entraîna derrière elle et un nouveau sourire curieux se dessina sur le visage du garçon.

Il la suivit sans discuter, imitant son pas au mieux malgré sa taille et sa corpulence, surtout qu’elle se déplaçait toujours très aisément et silencieusement malgré le sabre. En tous les cas, elle était très silencieuse, il devait bien l’admettre et si au début il ne faisait pas plus attention que cela, Ronan se fit réprimander, suivant ses instructions à la lettre. Oulà… il ne fallait pas la contrarier.
Enfin ils trouvèrent… enfin elle le mena à une petite clairière et il fixa le gibier devant eux alors qu’elle affirmait qu’il fallait prendre le plus vieux.

Pris d’un élan qu’il ne s’expliqua pas pour le coup, il eut envie de lui montrer ses capacités. C’était peut-être complètement idiot étant donné qu’elle pouvait être une potentielle adversaire, mais tant pis, là c’était important de montrer de quoi lui aussi était capable.
Se faisant parfaitement silencieux, il recula alors qu’elle bandait son arc et visait et contourna légèrement la clairière avant de monter tel un félin, ce qu’il était sans doute au plus profond de ses gênes, dans un arbre. Le poids de son sabre ne l’handicapant pas il se sentait extrêmement léger.

Et tout à coup il se laissa tomber. Ronan atterrit directement sur le dos du vieux cerf. D’ailleurs si les autres partirent très vite, lui n’eut pas le temps de comprendre ou d’avoir peur car attrapant les longs bois, le jeune homme lui brisa la nuque alors que sous son poids l’animal avait déjà plié les pattes.
Mais au lieu de se relever tout de suite tout guilleret et fier de lui, Ronan s’agenouilla auprès de l’animal et pencha la tête, se mettant à murmurer des paroles qu’il devait connaître par cœur, très bas.

- Je suis désolé… et je te demande pardon noble cerf. Tu ne seras pas mort en vain, j’en fais le serment. Merci pour ta chair, ta peau et tes bois mon frère, ils rendront la vie meilleure à ceux qui en ont besoin et tu rempliras les ventres de ceux qui ont faim. Pars en paix.

Puis seulement il se releva, une expression bien sérieuse au visage et le regard un peu sombre.

La jeune Ashtaru avait eu le temps de réfléchir aussi. En effet, elle n'avait pas attaqué de nouveau son adversaire ni même ne le traitait d'une mauvaise manière. Oui, c'était un homme, un dur, qui lui prouvait encore qu'il était difficile d'être une femme par les temps qui courent. Et Maelÿs savait pertinemment que les hommes ne l'impressionnaient pas. D'ailleurs celui-ci semblait être plutôt humble et modeste, cela lui changeait des guerriers du village, comparant avec intérêt leurs entraînements respectifs pour mieux se faire respecter. C'était à celui qui faisait le mieux.

Bien sûr, il y avait quand même quelques femmes qui avaient suivi l'exemple de Maelÿs mais cela restait encore rare. Car la plupart aspirait à une vie tranquille et en sécurité, protégées par un homme qui subviendrait à leurs besoins. Les femmes guerrières étaient nés avec cette envie dans le sang et même si Maelÿs n'avait pas une famille qui recherchait la bagarre, elle sortait de la chaîne des Galaska.

Oh bien sûr, l'idée qui traversa l'esprit était de revenir en arrière pour faire disparaître le jeune homme de son champ de vision, car après tout, son caractère ne changeait pas du jour au lendemain mais il se révéla d'une compagnie discrète, ce qu'elle attendait d'un homme. Même si ses sourires niais de charmant séducteur la laissait de marbre. Curieuse fille que celle là. N'aime-t-elle pas les hommes ? A vrai dire, ce n'était pas vraiment ça le problème. C'était surtout qu'elle avait du mal à faire confiance aux hommes et ne supportait pas les réactions des jeunes filles papillonnant autour d'un beau mâle en ne rêvant qu'à des choses futiles et terriblement ennuyantes.

Lorsqu'elle avait appliqué le bandage, la jeune femme remarqua qu'il n'avait eu aucun sursaut en arrière alors qu'il aurait pu très bien s'écarter vu ce qu'elle lui avait fait subir tout à l'heure. La seule chose que Maelÿs remarqua avec amusement était sa mâchoire légèrement crispée qui montrait que le guerrier ne voulait pas faire part de sa douleur sur l'instant. Une chose qu'apprécia Maelÿs, sinon elle s'en serait servi pour le traiter de chochotte ou de guerrier en sucre.

Enfin, elle entendit son remerciement, bien qu'elle ne répondit rien à ça. Après tout, qui avait-il à répondre ? Pas grand chose. C'est pourquoi, comme la conversation n'allait pas se continuer, lui même n'étant pas spécialement bavard, elle décida de continuer sa chasse avec lui sur les talons. Il ne fallait pas traîné car la nuit arrivait plus vite que ce que l'on pouvait imaginer, surtout avec ces grands arbres qui cachaient les rayons du soleil.

C'était assez particulier et étrange et peut être que les Ashtarus du village auraient mal pris le choix de Maelÿs d'emmener le guerrier avec elle pour la chasse. Après tout, cela les aurait bien fait rire. Maelÿs si distante, solitaire, ne laissant personne l'accompagner, se laissait suivre par cet homme qui lui avait proposé son aide. Bien qu'elle n'en avait pas réellement besoin, ça c'était une certitude. Car la jeune femme faisait ses choix toute seule comme une grande et n'avait pas besoin de se faire convaincre ou persuader. Et puis, on apprend toujours beaucoup de son interlocuteur avec ce genre de situation. Justement, ça tombait bien car la jeune femme voulait en apprendre davantage. Aussi bien sur le guerrier que l'homme en lui-même. Même si elle rencontrait de temps en temps des humains au cours de ces missions, c'était quand même la première fois qu'elle voyait un vrai guerrier humain dans les parages.

De plus, en lui apprenant quelques trucs, Maelÿs transmettait son savoir à son interlocuteur, montrant ainsi que les Ashtarus n'étaient pas seulement des gros méchants qui voulaient à tout prix la peau des Sins mais des personnes sensibles attachées à leur environnement et à son évolution. Bien qu'au contact d'Erwan, l'envie de meurtre des Sins devenait plus forte et plus présente. Mais cela, Maelÿs l'ignorait. C'était peut être mauvais pour elle car il pouvait tout aussi bien retourner son savoir contre la jeune guerrière mais au moins il comprendrait comment les Ashtarus vivaient. Même si ce n'était qu'un bref aperçu de la chasse.

Maelÿs sentit alors son mystérieux interlocuteur s'écarter pour se faire silencieux afin de se rapprocher du cerf tout en se déplaçant dans les arbres. C'était sûrement une habitude et le poison s'étend dissipé, elle pouvait ainsi mieux voir de quoi il était capable. L'achèvement de la créature fut rapide, efficace, bien que le reste du troupeau s'était enfuie. Mais c'est ce que Maelÿs voulait. Avec tous les lapins qui étaient conservés dans son sac plus un cerf, c'était largement suffisant. D'autant plus qu'elle n'était pas la seule à chasser.

Elle fut assez admirative de la façon de faire de cet homme et surtout, apprécia qu'il reste au côté de la créature lors de la mise à mort, sans montrer un quelconque signe triomphant et ne cherchait pas à se pavaner comme un coq pour impressionner la belle. Non au contraire il était humble et respectueux de la bête qu'il venait d'achever.

*C'est barbare mais efficace. Au moins il ne la pas tailler en steack avec son arme*

En effet, Maelÿs préférait les coups précis et juste qui permettait une mort rapide et sans douleur. L'arc était le plus indiqué, car en touchant le coeur, la créature n'avait pas le temps de voir la mort arriver. Une manière de chasser comme une autre.

Alors, la jeune femme sortit tranquillement des buissons mais n'avait pas entendu les paroles qui étaient murmurées à voix basse de l'homme. Cela la rendait curieuse. Mais c'était la proie de l'homme et il devait honorer la mort de l'animal lui-même. Si Maelÿs avait achevé la bête, elle aurait aussi fait une courte phrase pour remercier la déesse et permettre à l'esprit du cerf de retourner au paradis.

"Pas mal..."remarqua-t-elle seulement, n'étant pas avare de compliments.

"Mais c'est une méthode rustre je trouve"

Elle se déplaça à côté de lui puis regarda le cerf mort. On pouvait lire dans son regard un peu de tristesse alors qu'elle examinait le corps sans vie. Mais Maelÿs secoua rapidement la tête, comme pour chasser de son esprit cet idée.

"C'était quoi les petites paroles discrètes que vous lui avez lancé après lui avoir ôté la vie ?"

Maelÿs voulait juste savoir comment ça fonctionnait un humain qui n'était pas Ashtaru. Peut être était-ce les coutumes de son village à lui aussi ?

Puisqu’il y était, autant faire les choses bien non ?
Ronan passait souvent pour un utopique, même auprès de ses camarades. D’où donc tenait-il tous ces espoirs pour l’homme ? Après tout n’avait-il pas eu des déceptions horribles ? L’homme ne lui avait-il pas prouvé, sincèrement, qu’il était une ordure sans égale ? Un prédateur sadique, qui non content d’attraper ses proies, les torturait mentalement et physiquement bien avant de les achever ?

Il avait vu des hommes se croire supérieurs à tous. Aux plantes, aux animaux, aux femmes. Il avait vu des êtres humains, simples humains, plus bestiaux, cruels, dangereux que les Sins et leurs pouvoirs parfois incontrôlables.
Ronan avait vu de ses yeux, plus jeune, des êtres implorer la pitié et leurs bourreaux rire de leur décadence, les narguer, les humilier avant de les tuer.

Partout, peu importait le peuple, l’appartenance, la croyance, se trouvaient ces monstres d’égoïsme, ces monstres d’humains, tortionnaires de la vie et meurtrier de l’espoir, de la renaissance et de la réconciliation. Des hommes qui violaient sans merci les femmes qui n’étaient pas les leurs, qui saccageaient des villages en profitant de l’absence des hommes, volaient leurs biens et laissaient derrière eux des cadavres méconnaissables.

Alors oui, l’homme qui avait survécu, les êtres humains réchappant de la grande catastrophe n’avaient pas engendré que le renouveau, mais aussi des monstres incontrôlables. Alors pourquoi… pourquoi le jeune homme avait-il toujours la foi en ces êtres ? Pourquoi malgré que la prudence aurait dû le pousser à la méfiance, avait-il envie de croire en l’homme ?
Si Ronan n’avait pas vécu à cette époque ou plus encore, si les anciennes croyances avaient survécu, peut-être, sans doute, aurait-il été l’un de ces saints hommes qui croient en la volonté d’un être supérieur, guidant ses pairs, qui encouragerait la vertu et la confession, le pardon.

Alors non, il ne se méfiait pas de Maelÿs. Pas parce qu’elle était une femme, pas parce qu’en se battant contre elle, il avait peut-être une chance de la battre, pas parce qu’elle était plus petite que lui ou qu’elle était une Ashtaru seule avec lui dans ce coin. Parce qu’elle avait cette humanité, qu’il voulait croire en elle, même inconsciemment, alors il ne devait pas la craindre, il devait juste… faire confiance. Et quand on fait confiance, on ne craint pas de se dévoiler à une personne.

De plus, elle lui avait prouvé, par son geste, d’une grande générosité à ses yeux, même si elle n’avait pas répondu à son remerciement, qu’elle n’était pas ou plus belliqueuse et qu’elle acceptait sa présence et peut-être pas son aide, mais au moins de l’observer. Il n’y avait pas d’ombrage à prendre, ce n’était pas une considération comme un sujet, un animal de laboratoire à disséquer. Mais il se souvenait, qu’entre villages, les siens et les autres échangeaient, des politesses, des outils, des denrées, des connaissances. Elle lui montrait sa discrétion, les pas à avoir dans cette nature particulière et comment s’y repérer, il allait échanger avec elle également alors.

Que les esprits s’apaisent, le jeune homme n’avait pas en tête un quelconque échange charnel. Si elle le prenait pour un bellâtre charmeur de ces dames, il n’en était rien. Le pauvre garçon était bien trop timide pour cela et une cicatrice meurtrissait encore bien trop son cœur pour qu’il ait seulement une pensée dans ce sens. Oh non, la drague n’était pas son sport favori, pas son sport du tout même, malgré que certaines femmes lui fassent des avances, qu’il ne comprenait généralement pas au grand dam de ses camarades. Non, ce serait un échange d’habitudes, d’idées, de connaissances. D’ailleurs, n’aurait-il pas été plus simple de commencer par leur nom ?

Ronan s’éloigna rapidement d’elle et tomba sur le cerf comme la hache d’un bourreau sur le cou de sa victime. L’animal n’eut certainement pas le temps d’avoir peur. S’il ne portait pas d’arc c’est parce qu’il se savait mauvais tireur et ne s’en cachait pas. Assez bon pour toucher sa cible, pas assez pour la tuer d’une seule flèche. De toute façon, rien ne vaudrait pour lui le contact du sabre. Cette technique pouvait certes paraître barbare mais elle était rapide, efficace, du moins pour un costaud comme lui, il ne l’aurait pas conseillée à n’importe qui, et sans possibilité de faire souffrir l’animal.
La jolie jeune femme le rejoignit et il essaya d’atténuer sa mine grave, ayant apparemment besoin de s’éclaircir la gorge.

- Disons… que je préfère ça… à le blesser inutilement et le faire souffrir. Même si effectivement c’est peut-être… barbare. Mais n’en sommes-nous pas tous… ? Des barbares ?

Il eut un sourire triste puis retourna le visage vers l’animal. Elle voulait savoir ce qu’il disait… Allait-elle se moquer ? Il lui jeta un coup d’œil. Cette jeune femme respectait énormément la nature, ça se voyait au regard triste qu’elle jetait à l’animal. Si quelqu’un pouvait comprendre son geste, ce serait certainement elle, néanmoins il sentit une légère hésitation. Devait-il vraiment le lui dire ? Est-ce que ça ne risquait pas de faire faible ? Déjà après sa légère grimace tout à l’heure il avait dû lui paraître bien pathétique, autant ne pas en rajouter. Il voulut inventer une histoire comme quoi il comptabilisait ses victimes mais secoua la tête, autant dire la vérité, il mentait aussi bien qu’un ananas volait.

- Je… je le remercie… simplement… pour ce qu’il nous offre… je lui demandais pardon et lui promettais qu’il n’était pas mort par jeu, en vain, qu’il aiderait à nourrir ceux qui ont faim… et… je lui disais qu’il pouvait partir en paix. Du moins… j’espère que son âme, si les âmes existent, aura entendu mes paroles et sera tranquille à présent.

Et là il fixait obstinément l’animal parce que même dit comme ça, c’était ridicule !

Maelÿs, une jeune femme en apparence distante, secrète mais aussi difficile à comprendre. Parfois on se demande si c'est la jeune fille ou la nouvelle femme qui parle. Car dans ce monde de brutes, il fallait apprendre à ne pas courber l'échine. Certes, elle respectait les Ashtarus ainsi que son leader Erwan, mais il suffisait d'une seule chose qui n'aille pas dans son sens pour que la jeune femme s'oppose fermement. Car même si elle appréciait son peuple, Maelÿs ne pourrait jamais suivre des ordres qu'elle n'approuvait pas.

C'était une fière guerrière, indomptable, qui ne vivait que pour ses idées et ses convictions. Et pourtant, c'était une Ashtaru, une vraie, respectueuse de la nature et se battant avec férocité contre ses ennemis, défendant ses propres valeurs.

Alors qu'elle regardait le jeune homme, peut être avec une insistance non déplacée qui le mettait sûrement mal à l'aise, Maelÿs réfléchit à l'attitude la plus appropriée à adopter. C'est vrai qu'elle ne l'attaquait pas, qu'elle le laissait faire, alors qu'il pouvait très bien dans son petit cerveau réfléchir à une idée pour récupérer ses affaires puis de la tailler sur place. Oui ça pouvait bien arriver alors Maelÿs ne savait pas ce qui la poussait à le laisser agir ainsi alors qu'elle serait plus tranquille à le ficeler et bâillonner pour l'amener jusqu'à la sortie la plus proche.

*C'est quand même une drôle de journée... si les autres Ashtarus me voyaient. Que penseraient-ils de moi ? Ah oui elle est jolie la guerrière sans peur ni reproche qui laisse agir en tout liberté un guerrier, un homme entraîné capable de me rompre le cou sans chercher à le contrôler. Je dois tout de même être folle*

La confiance, cela se gagne, à travers des gestes et des actions. Et même après il faut pouvoir toujours être à la hauteur de cette confiance accordée. Mais ça serait trop utopiste de penser que tout n'est que confiance et bonne attitude. Les gens changent, en apparence, mais aussi dans leurs idées. Les amis d'aujourd'hui peuvent être les adversaires de demain et cela, Maelÿs le savait même si pour une journée le drapeau blanc flottait au dessus des deux protagonistes qui apprenaient à faire connaissance.

Ah au fait, oui Maelÿs se doutait qu'il manquait quelque chose peut être à cette rencontre. En temps normal, jamais elle ne laissait son nom à ses ennemis sauf si elle savait qu'il y avait possibilité pour elle de partir mais pour une fois on peut bien déroger à cette règle.

"Au fait, j'm'appelle Maelÿs..."

Puis expressément, la jeune femme détourna rapidement à la tête, elle n'avait jamais été doué pour les présentations. Mais c'était peut être mieux que de se donner des surnoms grotesques, enfin surtout pour elle qui ne voulait pas être surnommée la grincheuse, la râleuse ou autres charmants surnoms qui faisaient déjà sa popularité chez les Ashtarus. Bien que quand ceux-ci osaient prononcer cela devant elle, ce n'était pas joli à voir comme la jeune fille s'emportait, déclenchant des foudres sur les malheureux passants.

Lors de la mise à mort de la bête, Maelÿs avait remarqué cet air grave qui planait sur le visage de son "partenaire", pas très heureux d'avoir tuer une bête. Il est vrai que la mort d'un animal n'était pas un spectacle heureux et joyeux. C'est toujours dur d'enlever la vie et Maelÿs le savait très bien.

A sa réflexion sur les barbares, Maelÿs fronça les sourcils, pas vraiment d'accord avec lui. En effet pour elle, tous les habitants d'Isisnahl n'étaient pas forcément des barbares. Ce mot était grossier et sonnait très mal pour la fière guerrière qu'elle était.

Secouant la tête pour le contredire, le jeu préféré de la jeune fille, elle lui exposa sans détour sa façon de penser tout en faisant quelque pas dans cette petite clairière.

"Non, il n'y a pas que des barbares dans ce monde. L'envie de vivre ou de survivre est toujours très forte mais il y aura toujours deux catégories de personnes. Ceux qui sont nés et qui embrassent la voie des armes, qui jusqu'au bout de leur vie se battront pour défendre leurs proches et leurs causes et ceux qui n'aspirent qu'à une vie sereine, fatigués de devoir lutter contre des gens si différents."

Alors qu'elle disait ces paroles, la jeune femme s'approcha d'un buisson qui contenait quelques baies violettes et appétissantes, une nourriture appréciée par les Ashtarus et commença à faire la cueillette tout en continuant son discours.

"Pensez vous vraiment que tous les gens sont des barbares ? Les villageois, les habitants eux, vivent, et même si ils ont certains idéaux, ils n'auront jamais la force de se battre, pour ne pas mourir prématurément, pour ne pas souffrir ou faire souffrir leurs proches. Ils approuvent en silence mais tout ce qu'ils veulent... c'est vivre... et panser leurs blessures sans se soucier du reste"

Maelÿs remplissait sa sacoche de baies tout en se disant qu'elle aurait une bonne tarte préparée par sa mère en rentrant ce soir. A cette pensée, la jeune guerrière en eut l'eau à la bouche même si elle se garda bien de le dire.

"Et puis il y a ceux qui se battent. Je ne peux dire que ce sont des barbares car je ne me considère pas comme telle. Mais vous aviez des méthodes barbares pour achever cet animal, briser la nuque... enfin bon, cela reste une méthode comme une autre et nous devons bien le faire pour survivre. "

Enfin elle se redressa et retourna auprès du garçon, la mine grave et l'air assez sombre. Même si la jeune femme était volcanique, impulsive, elle n'en gardait pas moins une certaine réflexion et des pensées qui témoignaient de toutes ses valeurs bien à elle sur ce monde.

"Enfin !

Puis tout en soupirant, Maelÿs écouta le discours du guerrier et cela la rassura sur sa façon de faire. Car elle était sensible à ceux qui respectaient la nature. Une très légère expression positive apparut sur son visage et elle acquiesça doucement d'un signe de tête. Au contraire pour elle, son discours n'avait rien de ridicule et prouvait bien que derrière cette carrure impressionnante se cachait un homme respectueux et cela Maelÿs ne pouvait qu'apprécier.

"C'est une bonne chose. Je voulais être sûre de ça. Nous avons les mêmes principes. Lorsque l'on tue une proie, il n'y a aucune joie ou triomphe. Nous remercions la déesse d'avoir guider notre arme et qui nous permet de pouvoir nous nourrir et continuer à vivre. Que la créature est libre de quitter son enveloppe charnelle, prête à retourner vers les cieux. Ainsi va le cycle de la vie"

Encore une occasion de confronter leurs méthodes et leur façon de faire, qui regroupe quand même des points communs.

Apparemment ses gestes n’étaient pas stupides, ses paroles n’étaient pas idiotes, ni ridicules.
Ronan s’en inquiétait. Pourquoi tout à coup avait-il peur de ce qu’elle pourrait penser de lui ?
C’est vrai qu’il avait tendance à trop se soucier de ce que pouvaient penser les gens de lui. Après tout n’avait-il pas une piètre estime de lui ? Etait-il confiant ? Non, pas le moins du monde.
Pour lui, effectivement la confiance ça se gagnait et s’il avait prouvé par son bras volontaire qu’on pouvait compter sur le protecteur qu’en était-il de l’homme ?

Se méfier de soi-même avait une bien cruelle conséquence sur l’être. Après tout, n’était-il pas capable de devenir un monstre absolument abominable ? Oui il pouvait se transformer, parfois sans prévenir, n’y pouvant tout simplement rien. Alors que faire ? Se sentir changer, devenir cette espèce de mi-homme mi-animal si violent et avide de sang… savoir qu’on y peut rien, qu’on ne se contrôlera pas, qu’on fera du mal, oui beaucoup de mal…

Comment vivre en paix avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête ?
Depuis ELLE en fait, c’était bien pire. Son contrôle lui échappait parce que son âme s’était fragmentée. Une partie horriblement noire existait. Il faisait tout pour la tenir loin de lui mais elle était bien présente et lui collait à la peau, à la chair comme une partie indivisible de lui… Ses peurs, ses désirs, la jalousie, le désir de combat, de vengeance. Tout se rejoignait à cet endroit, tout alimentait la bête et alors il ne pouvait rien faire quand la transformation se déclenchait.

Alors non,il n’avait pas confiance en lui et recherchait l’approbation de tous ceux qui l’entouraient. Un peu comme un petit garçon cherchant le hochement de tête encourageant de ses parents. Etait-ce vraiment mal ? Ou n’était-il qu’un pauvre gamin paumé dans ce monde, même en sachant se battre, défendre sa vie et celle des autres ?

Ronan fit un sourire timide à Maelÿs. Il s’était figé quand elle lui avait dit son nom et son visage s’était aussitôt éclairé. N’était-ce pas une belle preuve de confiance ? Surtout après qu’elle lui ait fait ce bandage ? Oui c’en était une, il le savait. Alors non, il n’avait rien à dire de plus par rapport à ses paroles sur le respect de l’animal. Il s’était contenté d’acquiescer sagement, l’air apaisé.

Il y avait d’autres peuples pensant ainsi, c’était rassurant. Ils n’étaient donc pas si différents, même si leur environnement n’était pas le même, même si leur vie n’était pas la même. N’était-ce pas bon de se dire que peu importait la distance, des gens avaient les mêmes valeurs que vous ? Oh si. Il se sentait bien mieux à présent.
Il baissa les yeux vers elle et l’observa une seconde avant d’ouvrir la bouche pour parler.

- M… Moi c’est Ronan…

Eyh !!! Presque avec assurance, il progressait.

- Que… puis-je faire à présent pour vous prouver ma bonne foi ?

Elle n'avait pas grand chose à dire de plus la Maelÿs. Après tout, ce n'était pas une grande bavarde et elle le savait bien. Cependant, contrairement au reste des Ashtarus avec qui elle n'avait pas grand chose à dire car la plupart des conversations se ressemblaient, la discussion avec le jeune guerrier était beaucoup plus intéressante. Comme elle le pensait, c'était du partage de connaissance, peut être pas spécialement nécessaire mais la jeune Maelÿs n'avait pas grand chose à faire des réactions de ses congénères. Et même si eux n'appréciaient pas ses méthodes et sa façon de faire, ils ne pourraient jamais la forcer à agir autrement.

*Il ne faut pas que j'en dise trop aussi. Certaines choses doivent rester aux Ashtarus*

En effet, Maelÿs pensait qu'il était logique que son adversaire ne lui en révèle pas trop sur lui même ainsi que sur ses habitudes, c'était donc évident pour la jeune femme de faire exactement la même chose.

Pourtant, Maelÿs devait avouer que sa vie était bien. Elle n'avait pas le poids d'un pouvoir inconnu et mystérieux sur ses épaules. D'ailleurs si la demoiselle en avait un, comment réagirait-elle ? S'enfuirait-elle du village comme une paria ? Mettrait-elle son pouvoir à disposition de son peuple ? Mais ce n'était pas si simple que cela à comprendre, on ne peut pas juger sans vivre de ce fardeau. Pour cela Maelÿs avait de la chance de ne pas se poser tant de questions que cela, vivant juste pour vivre et survivre avec l'espoir secret qu'un jour tout serait enfin terminé.

Enfin, la jeune fille releva doucement la tête, en entendant la réponse de son interlocuteur. Ainsi il s'appelait Ronan. Un prénom guère courant il fallait le dire. Mais au moins, il ne devait pas y avoir des Ronan à la ronde, cela lui permettrait de le retenir facilement si la demoiselle devait dans le futur être de nouveau confronté à ce personnage assez singulier. Et même pas un enchanté, un ravi de faire votre connaissance car la jeune femme ne voulait pas s'encombrer de ces manières.

Maelÿs sortit une corde qu'elle attacha autour de l'animal pour mieux le porter. Mais il fallait dire qu'avec déjà le poids de l'arme, cela serait trop dur pour elle de tout prendre d'un coup. Elle envisageait donc de faire participer son partenaire. Amener le corps du cerf jusqu'à la sortie du bois et donc faire un échange à ce moment là, voilà qui était une bonne idée.

Cependant, le jeune homme voulait prouver qu'il n'était pas là pour faire du mal mais essayait de gagner la confiance de la jeune fille. Cette dernière se frotta doucement le menton, ses yeux clairs observant les alentours pour trouver quelque chose à lui faire faire mais après tout, ce n'était pas si simple. Oh elle aurait pu l'envoyer dans un lieu dangereux mais ce n'était pas spécialement le moment, surtout que lui se sentait un peu plus en confiance et était désarmé. Ce serait stupide de la part de Maelÿs de changer de comportement après toutes ces difficultés.

Mais il fallait reconnaître que ce n'était pas si évident que ça.

*Que pourrais-je bien lui faire ?*

Ses paroles prouvaient sa bonne volonté et cela elle l'appréciait. Mais elle ne voulait pas non plus qu'il suive aveuglément ses paroles pour la convaincre. Non, il fallait que ce soit spontané et réfléchi et pas uniquement suivre ses paroles. Alors la jeune femme le regarda un instant, sachant qu'elle ne faisait que le troubler comme ça et cela l'agaçait fortement.

"Oh ! Arrêtez de baisser la tête ! Je suis pas une tortionnaire quand même ! Et puis j'aime regarder mes interlocuteurs dans les yeux, cela fait plus franc je trouve"

Oui, même si c'était de la gêne qu'il avait, Maelÿs ne pouvait s'empêcher de penser que cela pouvait aussi être de la lâcheté. De quoi ? De ne pas oser la fixer ? Après tout les hommes étaient bien fiers et ne lâchaient jamais un regard comme ça. Mais cette petite manie ne lui plaisait pas vraiment. Enfin, elle n'en dit pas plus, reportant son regard sur le lointain.

"Ce que vous pouvez faire ? Et bien, essayez de me surprendre"

Puis la jeune femme croisa les bras, impatiente de voir ce qu'il valait au final, ce qu'il pouvait faire. Maelÿs lui laissait le champ libre pour prouver sa valeur mais elle restait quand même un peu sur la défensive au cas où il essaierait de la surprendre en lui reprenant son arme.