Il y avait toujours des choses à découvrir dans leur monde, c'était une chose certaine. Peu importait que celui-ci soit dans un certain état de désolation, il y avait toujours des lieux à découvrir, des personnes à croiser, des interactions à avoir, et une vie à vivre. Une vie qui était certes beaucoup moins simple, et dont chaque choix pouvait les conduire à être bien moins loti que d'autres, à changer radicalement leurs destinées, mais c'était aussi ça qui en faisait tout le piquant pour Clark. Après tout, sans son idée un peu stupide, il l'admettait lui-même, de partir visiter la Shora, il n'aurait pas recroisé la route d'Oul, et ils n'en seraient pas ici pour le moment.

- Ce n'est pas le meilleur endroit pour une visite lorsque l'on appartient aux sins, c'est certain, mais l'un dans l'autre, si l'on respecte la nature, celle-ci peut également nous protéger des dangers. Nous rendre invisible aux yeux de ceux qui nous voudraient du mal.

Pas très dur de deviner ce qu'elle pouvait faire dans la Shora avec de la verdure et un terrain fertile à disposition lorsque l'on voyait ce que celle-ci avait put recréer ici à partir de presque rien. Même si tout cela ne s'était pas fait en un jour. Clark ne pouvait s'empêcher d'admirer ceux dont les pouvoirs pouvaient aider à reconstruire les endroits existant par le passé quand le sien avait une portée essentiellement destructrice.

- Nous verrons ce que l'avenir me réserve, après tout je ne peux être sure de rien.
- Personne ne le peut. Le futur reste un mystère pour tous, même si on peut toujours essayer de le provoquer sur certains points.
- Oui, et la force est une chose que vous devez bien connaitre, si j'en juge la facilité avec laquelle vous avez coupé ce tronc, à main nue qui plus est.
- Chacun à ses pouvoirs, qui se rapprochent de son caractère chez les sins. J'ai toujours été un combattant, donc le fait que mon pouvoir joue sur la force physique n'a rien d'exceptionnel. Simplement.

Il n'y avait aucun mal à en parler, puisqu'ils évoquaient librement également celui de cette jeune femme, et que contrairement à sa petite amie qui avait put masquer le sien mais avait fait une gaffe passée apparemment inaperçue, lui ne pouvait pas dire qu'il n'en avait pas.

Ethan n'aurait certainement pas contredit Oul, bien au contraire. Après tout ce Johnson là était le premier à faire ressortir le comportement désespérant à son sens de son frère. S'en était même parfois à se demander comment ces deux là avaient put être des jumeaux. Parce que si sur le physique, on ne pouvait que difficilement faire mieux, sur le mental, l'un et l'autre étaient vraiment deux opposés, quoiqu'ils avaient en fait plus de points communs que ce que l'un et l'autre étaient prêts à admettre. en tous les cas sur la question imbécile ou suicidaire, le plus vieux des deux aurait répondu sans hésitation : imbécile ET suicidaire.

De la même manière, si le jumeau télépathe s'était trouvé présent, celui-ci aurait répondu que contrairement à ce que pensait les uns ou les autres, tous les dons pouvaient être créateurs ou destructeurs, selon la manière dont la personne qui le possédait s'en servait. Le berserk pouvait par exemple se servir de sa force pour détruire, ce qu'il savait très bien faire par ailleurs, mais pouvait par exemple aussi créer un abri solide ou encore utiliser un élément du décor pour protéger quelqu'un ou quelque chose. Ainsi la téléportation n'était pas neutre non plus. En amenant quelque chose de nécessaire à quelqu'un, cela pouvait l'aider, mais en retirant la clé de voute d'un bâtiment elle pouvait tout aussi bien le détruire. Tout comme elle aurait put tuer quelqu'un en téléportant son cœur hors de son corps. Clark lui remarqua bien la référence à elle-même dans les phrases de sa petite amie mais ne dit rien, suivant son envie.

- Sans aucun soucis.

Ils marchèrent vers ce qui était l'entrée officielle du Jardin de la reine, arrivant près de l'endroit que souhaitait voir la demoiselle Scarlet. Clark observait sans trop rien dire, ce qui était un fait plutôt rare en soi... son regard se porta sur certains lierres entourant des buissons aux formes animales qui ne se trouvaient pas si loin de l'entrée principale du lieu. Rien qu'à voir la manière dont ils étaient tournés, le seul homme de l'endroit pour le moment eut un sourire léger.

- Tu fais garder les lieux à ce que je vois... Idée intéressante pour le préserver, mais si comme je le suppose tu peux animer ces créations pour défendre cet endroit, autant déclarer de suite qu'un sin ou plutôt dans ton cas qu'une sin est dans les parages.
- Je tiens à préserver simplement les endroits que j'ai put restaurer. L'Homme est généralement bien trop destructeur. Il suffit de voir notre monde. Il faut malheureusement bien plus de temps pour créer les choses que les détruire.

Les anciens avaient toujours eut une certaine tendance à dire que la nature finissait toujours par reprendre ses droits. Ici dans cet endroit revitalisé par le pouvoir de cette sin, c'était exactement ça. sauf que ce qui aurait sans doute prit plusieurs décennies en temps normal s'était retrouvé ici largement plus accéléré. Clark aurait il sut que sa petite amie partageait ses pensées sur l'utilité de ces vertes créatures qu'un sourire se serait peint sur son visage, amusé et complice. Si la remarque au début pouvait paraitre être un compliment, la partie concernant "aucune personne saine d'esprit" fit grimacer le berserk.

- Merci pour le compliment concernant le fait de rendre sa gloire passée à cet endroit. Concernant mon mental, je vais parfaitement bien, et je préfère être seule avec les plantes que mal accompagnée, surtout dans ce monde. Je préserve au minimum un endroit hors de sa folie.

Le ton était poli, mais on sentait que la remarque l'avait potentiellement vexé, à plus ou moins juste titre. Le Johnson se rapprocha un peu de sa petite amie.

- Oui, nous avons de la route et nous avons déjà bien assez abusé de la sympathie d'Ivy. Nous te remercions tous les deux de nous avoir laisser rester un peu. A une autre fois, qui sait...

Les deux repartirent donc par la voie qui était en soi peu praticable, mais qui pour Clark restait encore largement acceptable et exploitable. Ce ne fut qu'une fois certain d'être assez éloigné des oreilles de leur hôte et des plantes qui auraient put les écouter que celui-ci lui proposa de se poser pour réfléchir un peu à ce qu'ils allaient faire, ayant un peu perdu la notion du temps.

Le tact n'était pas toujours une chose très simple à avoir, bien au contraire. Après tout, le fait de vivre généralement séparé de groupes, ou uniquement dans un petit ensemble amenait les gens à garder avant tout méfiance et peut-être trop grand sens de la réplique directe face à l'autre, mais c'était plus un ancien réflexe des êtres humains plus que quelque chose de contrôlable. D'autant moins lorsque les interactions que l'on pouvait avoir avec les autres étaient minimales et commerciales. Si le berserk ne s'était pas trompé, la demoiselle aux plantes n'en garderait cependant pas ombrage au vu de la sincérité des excuses prononcées. Ivy regarda Oul après que celle-ci se soit excusé et ferma les yeux un instant.

- Je suppose que les mots ont dépassé ta pensée. Excuses acceptées.

Après cela les deux Sins s'en furent, pour ne pas abuser de l'hospitalité de leur hôtesse, mais aussi sans aucun doute en partie de la part de la voleuse pour éviter une nouvelle gaffe du genre de la première que celle-ci avait faite. La descente nécessita un peu d'attention, mais guère plus que ce à quoi Clark pouvait être habitué, même si pour une fois celui-ci n'avait pas forcé sur ses muscles, sachant ses blessures toujours présentes. Clark secoua la tête.

- Tu n'es pas un boulet. Tu es juste un peu trop franche, Oul. Tu as toujours dit ce que tu pensais, et ce point de toi ne changera pas. Je ne veux pas qu'il change par ailleurs, c'est l'une des choses qui me plait chez toi, que tu n'aies pas peur de dire ce que tu penses ou ressens. Tu dois juste apprendre à tourner les choses un peu différemment lorsque tu ne connais pas les personnes, c'est tout.

Le jeune homme s'assit à son niveau et lui prit la main.

- Chaque chose nécessite du temps, ma reine des voleuses. Ce point changera au fur et à mesure que tu verras les autres, je ne m'en fais pas. Il te suffit d'apprendre de tes erreurs, comme chacun d'entre nous, et crois-moi j'ai déjà fait pire au niveau du manque de tact.

Oui, la répartie d'Oul était très présente, mais ce n'était pas ça qui allait déranger Clark. Après tout lui-même n'était guère ce que l'on pouvait appeler le plus grand modèle de maitrise de soi ou de ses paroles ou encore de tact. D'ailleurs s'il avait su que sa petite amie y pensait également, cela l'aurait sans doute fait rire sans aucune véritable hésitation, au contraire. Chacun avait sa manière d'être et lui-même ne cherchait pas à se prétendre meilleur qu'il ne l'était. Le Johnson connaissait aussi bien ses qualités que ses défauts et toute personne le connaissant devait se faire à cela.

- C''est juste que la franchise n'est pas forcément la chose la plus répandue à l'heure actuelle, au contraire, c'est la méfiance qui prédomine, donc à coté de cela quelqu'un qui reste ouvertement franche et ce qu'importe les circonstances à tendance à gêner les autres, surtout si cette franchise vient à révéler leurs petites combines...

La remarque sur sa manière d'observer les demoiselles lui tira un rire léger. Un point largement accordé pour elle, il ne pouvait pas du tout prétendre le contraire, cela aurait été un large mensonge impossible à croire.

- Je dis juste que tu sauras vite reconnaitre le type de personne avec qui la franchise ne posera pas de gênes et celles qui au contraire risque de voir ça d'une manière plus ou moins gênante. A force d'observation, tu pourras plus ou moins classifier les gens. Quand aux demoiselles, je ne fais que leur dire d'une certaine manière que leurs efforts pour se rendre belle sont visibles, c'est tout. On nous a mis des yeux pour que nous puissions voir, et il n'y a encore rien de mal à observer les beaux tableaux.

Sans aller plus loin, puisqu'il était en couple. Mais rien n'empêchait d'observer les autres, et de reconnaitre la splendeur de l'apparence de chacun, ou d'y trouver des idées éventuelles d'habits ou de présents. La question eut droit à un hochement de tête positif. L'instant suivant, tous les deux se retrouvaient dans la cité des Muss, que lui avait vu pour la dernière fois deux semaines auparavant. Pourtant les choses lui semblaient complètement différentes, sans doute car il n'y avait aucun objectif critique par derrière.

- Quelle partie allons nous voir ?

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